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Le Tour de Gaule à vélo : ballade mélancolique dans la France d’avant

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Publié le

2 juin 2019

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Ah, le « Tour » ! Que vous soyez un aficionado ou un réfractaire, le Tour vous évoquera toujours un souvenir si vous êtes Français. Un dimanche de canicule coincé à la campagne avec vos grands-parents devant une étape de plat ennuyeuse, ou une arrivée dans votre ville apprêtée pour l’occasion, le Tour nous renvoie immanquablement à notre intimité. Plus encore que d’autres sports aujourd’hui plus plébiscités, tels que le football, la boxe ou le rugby. Cette émotion particulière, la journaliste politique Béatrice Houchard a su nous la transmettre dans Le Tour de France et la France du Tour aux éditions Calmann-Lévy.

 

Ecrit comme une biographie, dont le personnage central serait le Tour, l’ouvrage de Béatrice Houchard narre l’épopée des « forçats de la route », du surnom trouvé par Albert Londres aux participants à l’une des épreuves sportives les plus mythiques de la planète, probablement la plus difficile d’entre toutes. Car, le Tour de France est plus qu’une simple compétition de cyclisme, c’est un combat contre les limites du corps humain, une aventure herculéenne digne des mythes grecs. Bernard Hinault ou Eddy Merckx n’étaient pas que des hommes, mais bien des héros antiques, des symboles d’un monde occidental toujours triomphant, où la France occupait encore une place toute particulière, centrale par sa géographie, la beauté de ses paysages et son riche patrimoine architectural, que les images du tour cycliste donnaient à admirer au monde entier.

 

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L’intérêt majeur de la thèse de Béatrice Houchard est qu’elle se sert du Tour de France comme une métaphore de l’histoire récente de notre pays – sinon de l’Europe occidentale -, tant l’épreuve y est consubstantiellement liée. Citons Abel Michéa, à ne pas confondre avec Jean-Claude, qui, regrettant la disparition des équipes nationales des années 1930 au profit des équipes financées par des sponsors, écrivait dans Le Miroir du Cyclisme en 1968 : « (…) les équipes nationales répondent mieux aux vœux du public peut-être un peu cocardier ». Longtemps dominante sur le Tour avec ses immenses champions (Anquetil, Poulidor, Thévenet, Hinault ou Fignon), la France est sevrée de victoire depuis près de quarante ans, en dépit des belles aventures de Laurent Jalabert ou Richard Virenque, de places sur le podium et d’étapes de montagne gagnées devant les mastodontes Ullrich, Indurain, Armstrong, Contador ou Froome.

 

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Comme si notre recul progressif en Europe depuis Maastricht se matérialisait au travers du Tour de France, ce qui n’est pas pour rien dans la relative baisse de popularité du cyclisme en France, quand il est devenu majeur dans le monde anglo-saxon lors des dernières décennies. Faute de grands champions cyclistes sur lesquels capitaliser, les derniers Présidents ont misé sur le football, autrefois symbole du perdant magnifique et romantique qu’était le sportif français, lequel correspondait aussi mieux à la France issue de l’immigration : plus mondialisé, plus bling bling, magnifiant le geste technique individuel comme l’esprit collectif. Naguère, en 1975, le jeune VGE au style rappelant celui d’Emmanuel Macron, profitait de la nouvelle arrivée du Tour sur la « plus belle avenue du monde » (du moins pour nous Français) pour remettre le maillot jaune du vainqueur à Bernard Thévenet qui battait le cannibale Merckx pour l’occasion, et ainsi asseoir sa cote de popularité lors d’un de ces moments de liesse collective dont la France raffole.

 

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Le Tour est donc une profonde mélancolie française. C’est la France d’avant, celle de l’Empire puis des Trente Glorieuses, qui s’éteint avec les défaites régulières face aux monstres dopés venus d’outre-Atlantique. Une France populaire où brillaient toutes les régions, encore plus les plus reculées, à l’image de ces massifs alpins et pyrénéens objets de tous les fantasmes. Une France qui donnait le rang de héros à des petits gars nés dans des villages bretons, varois ou de Seine-Maritime. Le Tour de France de la France du Tour est l’histoire d’une France qui s’efface progressivement. 

 

 

Le Tour de France et la France du Tour (Calmann-Lévy)

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