Si le mouvement woke est américain, ses idées sont françaises. Elles ne viennent pas de Deleuze et Derrida, mais de plus loin encore : du positivisme d’Auguste Comte. Ce graphomane, dont la statue trône indûment sur la place de la Sorbonne, a inventé « l’altruisme » et l’a donné pour le sommet de la posture éthique : « Vivre pour autrui, écrivait Comte dans Système de politique positive, devient enfin la loi du bonheur autant que celle du devoir, d’après l’essor que la vie sociale procure aux inclinations où tous les individus concourent spontanément ». Cet altruisme falsifie la vie morale française depuis cent cinquante ans, car valoriser autrui, uniquement parce qu’il est un autre, escamote la véritable question morale, celle de la valeur réelle d’autrui, qui dépend de ses actes et de son caractère. De plus, un altruiste fait ainsi l’économie de la réelle et douloureuse introspection de sa valeur personnelle, en fonction des qualités objectives de générosité, de patience, d’amour et de justice. Il lui suffit de se croire « ouvert aux autres » pour s’absoudre tout péché. [...]
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