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Quand l’électroencéphalogramme de nos représentants politiques est autour de zéro ; quand toutes les oppositions constituées ont déposé les armes ; quand nous semblons comme jamais les valets réjouis d’empires extérieurs ; quand c’est Alésia : alors c’est que le temps de la pensée, la saison de la réflexion sont revenus.
On le sait, nous le répétons et le répèterons jusqu’à satiété, la droite sous toutes ses variétés a oublié de réfléchir depuis tant d’années, tant de décennies même, trop occupée à répéter ses mantras gaullistes, libéraux ou nationalistes. Il est pour le moins paradoxal que les prétendants à l’identité soient incapables de définir seulement la leur. Tétanisés par la figure du président Méduse, ou pis charmés par le flûteur d’Hamelin, ils se condamnent à balancer entre les deux termes du faux choix, disparaître ou collaborer. Que l’on réforme le code du travail ou que l’on diminue l’imposition des plus aisés, ils n’en peuvent plus de joie et ouvrent un large bec. Un jour Matamore, un autre Sganarelle, errant de Wauquiez en Le Pen, de Pécresse en Philippot, ils tournent en rond dans la nuit et sont consumés par le feu, tels des damnés.
Il faut dire que l’audace n’est pas leur fort, le courage nullement leur came. À notre petite place incorrecte, nous en sommes les quotidiens témoins. Que n’entendons-nous ? Tel jour trop intellectuels ; tel autre trop vulgaires ; le matin vendus au sionisme international ; le soir poste avancé du fascisme qui vient. Amis du grand capital pour les uns, anarchistes pour les autres, il n’est jusqu’à la pathétique revue Esprit, faux nez intellectuel d’une démocratie-chrétienne en déliquescence pour nous assommer d’épithètes infamantes, lefebvristes, intégristes ou lepénistes. Bref, quand on leur parle de culture, ils sortent leur flingue ; quand on leur cause de patrie, ils ont envie d’envahir la Pologne.
Quand on leur parle de culture, ils sortent leur flingue ; quand on leur cause de patrie, ils ont envie d’envahir la Pologne
À ce sujet, les nouvelles de nos voisins européens continuent d’être bonnes, et comme nous l’annoncions, la lumière se lève à l’est, mais aussi au nord et au sud. La France demeurera-t-elle semblable à ce centre d’une petite ville de province déserté, où les rideaux tombent les uns après les autres, où les volets restent obstinément fermés, derrière quoi des vieillards ronchonnent en songeant au doux temps passé, durant que les nouveaux petits maîtres s’éclatent dans les centres commerciaux extérieurs ?
La paresse intellectuelle n’est pourtant pas l’apanage de cette droite en miettes, et ce n’est pas une bonne nouvelle. Voilà que la gauche, sous la houlette du déjà usé Raphaël Glucksmann, s’y met, décalquant les termes buissonniens de l’hors-les-murs, convoquant dans un Nouveau Magazine littéraire – qui est à peu près aussi neuf que les habits des enfants des anciens maos – les valeurs d’avenirs suivantes : Edgar Morin, Michel Onfray, Najat Vallaud-Belkacem. On sent que ça va déménager chez les nuit-deboutistes dont Perdriel et Niel paient le loyer, ces gens qui manifestement veulent penser mais sans savoir trop quoi ni pourquoi et commencent ainsi, tels les Baudelaire du crépuscule idéologique : « Partons. / Partons enfin. Partons loin. » En effet, on ne vous retient pas.
Mais soyons sérieux et parlons de la France, qui est notre seul parti. De ce laboratoire de catastrophe générale qu’elle est devenue, nous parions que sortira l’antidote, qu’après l’hiver les lilas refleuriront. Que le travail qu’avec quelques autres nous avons entamé portera en son temps ses fruits ; qu’enfin les barrières bêtement dressées entre factions illusoires d’un même peuple tomberont ; que le rat des villes et le rat des champs communieront à nouveau au même festin, sur la terre commune des pères. Car, quoi que l’on nous inflige, nous pouvons dire comme la femme, nous la France qui n’a l’intention de partir nulle part : lassata sed non satiata…
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