Les Grandes Questions de l’Incorrect se penchent sur la 44e cérémonie des César, qui se déroule le 22 février. Entre autocélébration, indignations convenues, interminables remerciements, faux lyrisme et gags lourds, ce raout a-t-il un sens ?
OUI ET NON. IL LEUR ARRIVE EXCEPTIONNELLEMENT DE SERVIR UN FILM
« Les César n’ont rien changé à la carrière du film », racontait Dominik Moll, multi-nominé en 2001 pour Harry, un ami qui vous veut du bien. « À mon sens, sauf exception, les César servent avant tout à satisfaire les égos du cinéma français », ajoutait-il. Dans certains cas, pourtant, « l’effet César » existe, certes incomparable avec celui que produit son cousin ricain (une simple nomination aux Oscar vieille de dix ans reste bankable), mais des films peu connus comme L’Esquive (César du meilleur film en 2005) ou Lady Chatterley (5 César en 2007), une fois primés, ont pu entamer une seconde vie. « Mais ce sont des épiphénomènes », remarque un réalisateur. « Les César sont devenus encore plus prévisibles que le Festival de Cannes. Les lauréats sont soit les films déjà auréolés d’une grande notoriété, soit des petits films sociaux inconnus. Le systématisme est évident. Pour cette année, on sait déjà que la récolte va se partager entre Le Grand Bain et Jusqu’à la garde. Nous sommes loin du temps de Gabin, président de la première cérémonie », conclut-il.
NON. ILS MAINTIENNENT CANAL SOUS PERF’
Canal +, partenaire depuis 1994, soigne à travers les César son statut de banquier du cinéma français. Si les audiences chutent chaque année – les concours d’indignation où la précarité de Kevin-l’intermittent rivalise avec celle de Mamadou-le-migrant ne font plus recette, et les private jokes du milieu conjuguées aux litanies de remerciements ont fini par lasser même les lecteurs inconditionnels de Closer – la chaine tient néanmoins à démontrer coûte que coûte « au milieu » et à ses abonnés qu’elle a encore de l’avenir en dépit de la perte de ses deux marchés de niche : le boulard et le football.
OUI. ILS PEUVENT SERVIR LES RÉALISATEURS
« Je ne regarde que très rarement la cérémonie, les prix m’ennuient et ce qui me parle et compte, c’est le plébiscite du public », nous confie le jeune réalisateur Antoine Raimbault. Si la recette reste le mètre-étalon des producteurs, quand un réalisateur est récompensé et que l’information est colportée au JT de Delahousse, les financiers sont rassurés sur leur poulain et les têtes d’affiche se font moins bégueules. Ainsi, le discret Martin Provost, qui reçut sept César pour Séraphine en 2009 et se trouva par la suite en mesure de diriger un beau duo de Catherine (Frot et Deneuve) dans Sage Femme (2017). (...)
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