PANORAMA DÉCADENT
Le Jardin des supplices et autres romans d’Octave Mirbeau, Robert Laffont / « Bouquins », 1 380 p., 32 €
Comme c’est vieilli, Mirbeau ! Tant mieux, d’ailleurs : on a l’impression, à le redécouvrir dans le « Bouquins » que publie ces jours-ci Pierre Glaudes, de remonter en pleine époque décadente, amatrice d’humour noir, de pourritures, de voluptés morbides (Le Jardin des supplices, ce bréviaire de la luxure et de l’immoralité). Mirbeau, contestataire indomptable, sera toujours un satiriste impénitent, et parmi les quatre romans rassemblés ici, on trouvera bien sûr le fameux Journal d’une femme de chambre, cette dénonciation de la rapacité des classes supérieures et de l’inhumanité de la société bourgeoise. Est-ce si vieilli, au fond ? Sur la forme, en tout cas, pas du tout. Adepte du bric-à-brac, des romans-puzzle composés à partir d’articles pré-publiés dans la presse, Mirbeau s’avère être un inventeur de formes audacieux, un rénovateur du roman, précurseur des narrations éclatées. Il écrit l’un des premiers romans en auto : La 628-E8 (son immatriculation), étrange récit-périple sur les routes d’Europe du Nord, mélange de vitesse, de paysages, d’impressions et de propos à la volée, souvent très drôles. Quant à Dingo, son ultime roman, il n’est pas basé sur sa voiture, mais sur son chien… Quatre livres à lire ou relire, savamment présentés par Glaudes dont les introductions sont une mine de renseignements sur le contexte, sur la littérature de l’époque et sur l’auteur. Jérôme Malbert [...]
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