Associations de protection de l’enfance et pouvoirs publics s’inquiètent depuis plusieurs années de l’influence de la pornographie en ligne sur les cerveaux adolescents. Depuis l’apparition des « tubes », la consommation de porno n’a cessé d’augmenter, accoutumant la population mondiale à une sexualité à la carte immédiatement disponible. Longtemps interdite et vendue sous le manteau aux élites fortunées, la pornographie est progressivement devenue mainstream dans les années 1960 et 1970. Il fallait alors être majeur pour s’encanailler devant ces films sulfureux, mais semblables à d’aimables bluettes si on les compare à ce qu’on peut trouver aujourd’hui en deux clics. Il était aussi nécessaire de se pencher sur la question, d’aller au sex-shop acheter des VHS ou des magazines faisant apparaître les icônes de la sexualité débridée d’antan. Pour ceux qui ont vécu dans les années 1980 et 1990, se procurer les œuvres de Traci Lords, Tabatha Cash, Draghixa, Marilyn Jess ou Julia Channel demandait des trésors d’ingéniosité ou la complicité d’un buraliste « plus ouvert ».
Mais aujourd’hui la perspective d’une interdiction d’accès aux fournisseurs de pornographie gratuite en ligne se fait de plus en plus sérieuse. C’est d’abord la loi sur les violences conjugales du 30 juillet 2020 qui a quelque peu durci les règles, son article 23 exigeant que l’éditeur d’un site pornographique prenne impérativement « toute mesure de nature à empêcher l’accès des mineurs au contenu incriminé ». Avec près d’un tiers des mineurs de 12 ans ayant déjà consulté un site à caractère sexuel interdit aux moins de 18 ans et deux tiers des 13-17 ans dans ce cas, l’accès massif à la pornographie entraîne de véritables bouleversements anthropologiques.
Dernièrement, les associations e-enfance et la Voix de l’enfant ont assigné en référé six opérateurs télécoms devant le tribunal judiciaire de Paris, leur demandant de bloquer l’accès des sites pornographiques aux mineurs. La difficulté tient dans le fait que les grandes plateformes ont leur siège social hors de France, qu’il s’agisse de Mindgeek (Pornhub, YouPorn) ou donc du groupe WGCZ (XVidéoss) du secret Pacaud. Pour l’heure, un internaute cherchant à se connecter sur un site de ce type ne subira que des phrases d’avertissement. [...]
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