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Le gouvernement se trouve dans une impasse. Il n’a plus de leviers politiques pour apaiser la colère des protestataires en gilets jaunes. Si Emmanuel Macron a jugé que la mobilisation s’essoufflerait après les fêtes de fin d’année, il s’est lourdement trompé. L’acte VIII a été très dur, marqué par l’envahissement du ministère de Benjamin Griveaux. Ce dernier accusait même une ressemblance avec le prince de Bourbon Condé, l’un des premiers à fuir la France révolutionnaire, après avoir excité la foule en refusant le doublement du tiers-état.
Radicalisés ces Gilets Jaunes ? Sûrement. Ils ne se contenteront plus de mesurettes et de « cadeaux », étant déterminés à bousculer le système. Leur objectif est d’ailleurs fixé depuis l’acte III : changer le fonctionnement même des institutions de la Vème République. Mouvement insurrectionnel, les Gilets Jaunes se rêvent en avant-garde révolutionnaire montée du plus profond de la France, des campagnes et des sous-préfectures des Alpes, des Pyrénées, de Bretagne ou de l’arrière-pays provençal.
On commence même à voir fleurir un discours anti-globaliste sous-jacent, que les appels au pragmatisme populaire ne masquent plus. L’anti-fiscalisme qui faisait penser à feu Pierre Poujade est ainsi inclus dans une demande plus globale, presque idéologique. La responsabilité de la classe politique est engagée, tant elle a paru déconnectée et peu sensible aux aspirations du peuple ces vingt dernières années, gouvernant contre lui dès qu’il avait le malheur de mal penser ou de mal voter.
#RIC
Flatteurs et séduisants pour le « peuple », ou du moins les groupes qui pensent en être les représentants les plus légitimes, les discours relatifs à la démocratie directe ne devraient pas être pris à la légère ou immédiatement déconsidérés. ???https://t.co/CY32qpVs6p— L'Incorrect (@MagLincorrect) January 2, 2019
Cette confiscation arrogante du pouvoir par une « caste », que les Français pensent liée à la finance mondialisée, laquelle est jugée aussi détentrice monopolistique du pouvoir médiatique, est vécue comme une profonde injustice. Ce sentiment est renforcé par l’inaptitude du pouvoir à s’opposer au déclin français dans tous les domaines : désindustrialisation, chômage de masse, baisse du pouvoir d’achat, insécurité, terrorisme islamique ou encore dégradation des services publics. Incapable de maintenir le niveau de vie des Français, et encore moins de leur assurer la sécurité et la prospérité à laquelle ils aspirent, l’exécutif Macron donne aussi une image désastreuse en multipliant les pantalonnades grotesques et en étant presque toujours à contretemps. Faute d’agir, Emmanuel Macron et les siens réagissent.
Après que des Gilets Jaunes aient cassé le portail du ministère de Benjamin Griveaux, le Président n’a rien trouvé de mieux à faire que de commenter l’événement sur Twitter. Il est pris au piège. S’il renforce la répression, il sera encore plus impopulaire. Mais s’il ne fait rien, les milieux économiques et les partenaires internationaux y verront un signe de faiblesse, jugeront peut-être l’État français en passe d’être failli. Il paye là la dégradation symbolique de sa fonction. Il y a d’ailleurs lui-même contribué, en invitant notamment le groupe Kiddy Smile le soir de la fête de la musique, sujet constant de railleries sur les pages des Gilets Jaunes. La démocratie Loft Story inaugurée sous Nicolas Sarkozy est soumise au vote des citoyens téléspectateurs. Le bûcher des vanités prend des airs de bûcher des vaniteux.
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La sortie de crise ne peut donc advenir que par une réponse politique majeure, en convoquant les Français devant les urnes, en remettant le référendum au cœur de notre fonctionnement politique. Le « grand débat » technocratique n’est pas suffisant pour endormir les Français sortis de leur dormition prolongée. Du reste, dès que ces derniers expriment leurs visées, la majorité les moque. Sorte de mini Griveaux insupportable, le très jeune député Sacha Houlié s’est dit défavorable au référendum d’initiative citoyenne parce que cet instrument pourrait amener les Français à abroger le mariage entre personnes du même sexe, déclarant douter que cela pourrait « raviver la démocratie ».
Plus que jamais, la question de la légitimité du pouvoir est posée. Confondue depuis trop longtemps avec la troisième fonction productrice, la première fonction s’est elle-même abaissée. Il est normal qu’elle en paye le prix.
Une absurdité totale pour au moins deux raisons. L’article du Nouvel Observateur cité par monsieur Houlié montrait simplement les contributions au débat sur la consultation en ligne lancée par le Conseil économique, social et environnemental, où les militants les plus engagés se sont probablement plus manifestés. Rien n’indique que la loi Taubira serait abrogée par le corps électoral en cas de tenue d’un référendum d’initiative citoyenne. Monsieur Houlié fait aussi montre du peu de considérations qu’il a pour le débat public. Les Français ont selon lui le droit de s’exprimer, mais uniquement quand ils pensent de la même manière que son parti. Certains thèmes et enjeux devraient-ils être figés dans le marbre, jamais discutés ? Nous ne sommes plus dans le registre de la politique. Nous sommes dans le registre du dogme inviolable de la nouvelle religion mondialisée.
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Qui est Sacha Houlié ? Aurait-il été élu sans la promotion éclair que lui a offerte Emmanuel Macron ? Qui ou quoi représente-t-il dans l’opinion ? Je vais vous le dire : il ne représente rien. Et Benjamin Griveaux ne représente pas grand-chose non plus, hors une image savamment lissée et entretenue par des médias pipoles à la botte de Mimi Marchand. Plus que jamais, la question de la légitimité du pouvoir est posée. Confondue depuis trop longtemps avec la troisième fonction productrice, la première fonction s’est elle-même abaissée. Il est normal qu’elle en paye le prix. À l’image du garçon qui criait au loup de la fable d’Ésope, ils n’ont eu de cesse de prétendre que la République était en danger pour se maintenir artificiellement au pouvoir, sans se douter qu’ils finiraient par la mettre eux-mêmes en péril. Faute d’avoir une opposition institutionnelle, ils ont le peuple en face. Un peuple semblable à une meute de loups prête à les dévorer.
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