En février 2017, Emmanuel Macron affirmait : « Il n’y a pas de culture française […], il y a une culture en France, et elle est diverse ». En septembre 2020, au Panthéon, il interpellait de nouveaux naturalisés ainsi : « Aimez notre histoire, nos paysages, notre culture, en bloc, toujours ». Revirement ? Pas si sûr ! Car on peine à voir émerger dans la politique gouvernementale les décisions visant à protéger le socle culturel français, grignoté de part en part. La raison ? Une incapacité intellectuelle et politique, qui est peut-être le mieux incarnée par une phrase du même discours, où Emmanuel Macron propose sa définition de ce que signifie être Français : « Être Français, c’est d’abord aimer passionnément la liberté ». La phrase est belle ; cependant, cette passion de la liberté qui est la sienne et qu’il projette sur la France est une passion triste, une obsession perverse, qui, lorsqu’elle est assouvie, ne conduit qu’à fracturer un peu plus le socle civilisationnel de la France.
Car cette passion de la liberté, lorsqu’elle s’applique à tout un peuple, porte un nom en politique : le libéralisme. Or, aujourd’hui, le libéralisme n’est plus un vecteur d’émancipation en Occident, mais d’asservissement. Les citoyens français ont besoin de liberté, en tant qu’individus ; pas de libéralisme, en tant que peuple. Il a longtemps été d’usage, dans la vie intellectuelle française, d’opposer libéralisme politique et libéralisme économique. Le premier était considéré comme vertueux quand le second était vu sous l’angle de la menace ; et plus il était « ultra », plus il était menaçant. En réalité, les deux marchent main dans la main, et ils portent une même responsabilité dans le processus de dé-civilisation qui nous frappe. Leur conjugaison a façonné ce phénomène politique et économique que l’on nomme mondialisation et qui se traduit par ce que Bertrand Badie a justement nommé La fin des territoires. [...]
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