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L’Incoronavirus, jour #2

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Publié le

18 mars 2020

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Parce que L’Incorrect est à son corps défendant la pointe en tungstène de la Startup-nation, parce qu’un virus pangolino-communiste n’est rien à côté du lobby LGBT, des islamistes, et des mangeurs de steaks végétaux, parce que l’âme de l’Europe c’est l’esprit d’aventure, parce que si nous étions des Montaigne vous seriez La Boétie, nous vous concocterons quotidiennement une lettre : L’Incoronavirus !

 

18 mars 2020 – saint Cyrille

 

Rentrez chez vous !

 

En ce deuxième jour de désert, tels les Hébreux ayant franchi de justesse la Mer rouge, le mot d’ordre se fait plus pressant : « Rentrez chez vous ! » Cet impératif généralement attribué à de méchants xénophobes devient l’ultima ratio d’un État confiné dont toutes les forces sont mobilisées pour séparer les Français les uns des autres.

Rentrer chez nous ? Certes, avec plaisir, a-t-on envie de répondre tels les exilés, mais à condition de savoir quel est ce chez nous et à qui il appartient vraiment. Tel, pourtant descendant de Bretons glorieux, qui se réfugie en Bretagne est accusé par le local de venir le contaminer avec sa saleté de Parisien. Tel, allogène en esprit, se prend à rêver de fuite vers son pays d’origine et on n’a guère envie de le retenir. Tel autre comprend que son chez soi a toujours été misérable comme un 40 mètres carrés perdu en grise métropole et que nul ne l’attend nulle part et certainement pas chez lui, sauf lui-même. Belle occasion tout de même de rentrer, plus que chez soi, en soi-même et d’y trouver l’angoissante grandeur de coïncider avec son être.

Restez chez vous ! C’est aussi le cri que pousse l’ignoble Erdogan que voilà bien puni d’avoir trafiqué du migrant maintenant qu’il doit clore de son propre chef ses frontières avec la Bulgarie et la Grèce pour éviter la coronisation de son pays.

On découvre que la fraternité réclame des frontières et des séparations qui non seulement ne lui sont pas ennemies mais même sa condition. Le temps de l’infantile amour-fusion est révolu. C’est peut-être la bonne nouvelle.

À demain, pour de nouvelles aventures autour de notre chambre.

 

Par Jacques de Guillebon

 

L’instant culturel

 

Une playlist francophone pour affronter le COVID-19

 

Est-ce ainsi que les hommes meurent ? Oui, entre autres. Mais ce n’est pas une raison pour se comporter comme des imbéciles. Et, à grands traits, ce n’est pas parce que Tu m’donnes le mal que je vais forcément succomber ni même développer le moindre symptôme. 

À l’avenant, être Fatigué d’être fatigué n’est pas une raison suffisante pour saturer le 15 et harceler son médecin débordé – à moins de commencer à entrevoir Le Paradis blanc à force de fièvre. 

Avant toute panique pensez : Marseille. On dirait Le Sud, certes, mais aussi l’IHU–Méditerranée-Infection de Didier Raoult et sa chaîne YouTube pleine d’infos fraîches et street cred sur le COVID-19. 

Comme tout le monde n’a pas de résidence secondaire ni même de Corps de ferme à l’abandon, il est évident que le confinement dans La Chambre de bonne à 750 euros par mois avec vue sur La Ruelle des morts pourra favoriser cette impression de se retrouver seul et Nu dans la crevasse.

Aussi, n’oublions pas la musique, la lecture et L’Alcool dont les destinations proposées ne réclament aucune dérogation ministérielle – obsédés par les rayons coquillettes et PQ, les génies du jour ne font pas encore main basse sur vos bouteilles préférées. 

Bref, Tant de belles choses restent encore à portée, d’autant que c’est une occasion rêvée pour arrêter Le Sport sans culpabiliser ou se refaire les quatre heures de La Maman et la Putain d’Eustache.

Quoiqu’il en soit, lorsque les survivants se retrouveront de nouveau réunis Dehors, nous savons d’ores et déjà que beaucoup d’entre eux s’empresseront de déclarer : C’était mieux avant. 

 

Dans l’ordre d’apparition :

 

Gérard Manset – Est-ce ainsi que les hommes meurent

Noir Désir – Tu m’donnes le mal

Rita Mitsouko – Fatigué d’être fatigué

Michel Berger – Le Paradis blanc

Nino Ferrer – Le Sud

Dominique A – Corps de ferme à l’abandon

Kat Onoma – La Chambre

HF Thiefaine – La Ruelle des morts

Jean-Louis Murat –  Nu dans la crevasse 

Serge Gainsbourg – L’Alcool

Françoise Hardy – Tant de belles choses

Jacno – Le Sport

Diabologum – La Maman et La Putain

Alain Bashung – Dehors

Daniel Darc – C’était mieux avant

Par Alain Leroy

 

Le film du jour

 

Balance ton virus !

S’il est un film que l’on pourrait aisément qualifier de visionnaire, c’est bien Contagion de Steven Soderbergh. Sorti en 2011, ce thriller politique extrêmement bien documenté décrit avec la précision d’une horloge suisse le mécanisme de propagation d’un virus foudroyant évoquant le SRAS et Ebola de son berceau en Chine jusque dans le monde entier via les États-Unis. Le scénario de ce film, signé Scott Z. Burns semble étrangement prémonitoire en ces temps de coronavirus et de confinement. En effet, toutes les caractéristiques de la crise sanitaire que nous vivons aujourd’hui y sont : guerre de l’information entre communication officielle et angoisse de la population, course effrénée au vaccin, recherche du patient zéro, fake news et complotisme sur internet, pillages des magasins, aide logistique de l’armée pour contenir l’épidémie, mutations en série du virus… Enfin, ce long-métrage est remarquable par son jeu d’acteurs, notamment celui de Jude Law incarnant un blogueur paranoïaque. De quoi s’occuper pendant le confinement !

Contagion, de Steven Soderbergh (2011)

Pour le voir : Par ici

Par Mathieu Bollon

 

La question du jour

Qui, dans la rédaction de L’Incorrect, sera le premier entubé ?

 

Les aventures trépidantes de Gonzague et Jean-Eudes, épisode II

© Romée de Saint-Céran pour L’Incorrect

 

Le meme du jour

 

 

 

Par un internaute anonyme facétieux

 

Les brèves

 

Les migrants de Mâcon font honneur au nom de la cité qui les accueille

Les forces de l’ordre demandent leurs attestations de dérogation de sortie aux passants. Elles sont présentes dans les principales villes et tiennent des points fixes. Pendant ce temps, à Mâcon, préfecture de Saône-et-Loire, dans le centre-ville désert, de modestes commerçantes au joli minois local, aidées par un voisin furtivement sorti faire de légères courses, ont tenu le Limes ce matin.

Selon, le quinquagénaire obligé d’intervenir en élevant la voix et le manche de marteau : « Il était midi et demi, le type est entré dans le magasin où, tranquille et peinard, je m’achetais des pommes de terre. Le migrant était défoncé, alcool et tramadol sans doute. Il m’a évité du regard et s’est pressé vers le comptoir pour menacer la vendeuse. Il voulait changer un faux billet de 50 balles. Les deux nanas ont refusé mais le type leur a demandé un urinoir. Elles ont tenu la forteresse, tentant de le pousser dehors. Migrant, le violent s’est alors enfui devant mes hurlements. Cela va dégénérer : Mâcon est une ville d’accueil, le centre est désert, ces types errent déjà en groupes sans tenir compte d’aucun ordre ».

La vieille, l’un des migrants de Mâcon avait été interpellé au même endroit, répondant au policier : « C’est ton épidémie, moi je l’ai pas ». Si l’Afrique n’est pas encore entrée dans la civilisation des moeurs, elle est déjà pas mal confinée dans nos murs. 

 

 

Un label « Nation apprenante »

Le gouvernement a trouvé plus disruptif que le comité Théodule ou un vulgaire Grenelle : le label. Sous la houlette d’un partenariat audacieux entre France Culture et l’Éducation nationale, le label “Nation apprenante” compile des podcasts sur la littérature et l’Histoire. Les francophones vont pouvoir profiter de leur confinement pour apprendre où ils sont et d’où ils viennent.

Gageons que les auditeurs adultes les plus assidus arriveront à se hisser au niveau désormais désirable d’un collégien médiocre de la fin du XIXe siècle.

Par ici !

Par Louis Lecomte

 

Le point de situation

 

Le début du bordel, déjà (ou encore) ?

Mardi 17 mars 2020, dans un contexte où, selon les chiffres officiels, 7730 personnes contaminées sont recensées, mais pour combien en réalité, 2575 hospitalisées et, malheureusement, 175 décès, plusieurs faits ont été particulièrement remarqués (ou auraient dû l’être) :

* L’étrange entretien accordé à France 2, durant le Journal de 20 heures du 17 mars 2020, par le premier ministre Edouard Philippe. Incapable d’arrêter une logorrhée répétitive, faisant montre d’agacement à la moindre contradiction, le premier ministre a redonné une explication toujours aussi étonnante au maintien du premier tour des élections municipales : les scientifiques ne s’y opposaient pas, les partis politiques étaient pour (il ne précise pas que c’était avant l’annonce de la fermeture des établissements scolaires, et donc de la montée en puissance de la conscience du risque) et la démocratie devait être maintenue. Si les deux premiers points étaient acquis, alors la question ne se posait de fait qu’au regard de la continuité démocratique. Philippe a soigneusement éviter le sujet. Or, c’est le seul qui compte : à quoi bon avoir maintenu un premier tour d’élections municipales en sachant qu’il faudrait en repousser le second, quand le taux historique d’abstention enlève de toutes les façons toute légitimité au scrutin, comme aux scores ou aux élus. Quelle continuité démocratique quand personne ne se préoccupe de démocratie, et, pour près de 60 % des Français, de se déplacer pour une élection que d’habitude ils affectionnent ?

* Plus important : malgré la volonté d’en minimiser l’impact, soit de la part des médecins se succédant sur les plateaux, ce qui peut se comprendre tant ils ont autre chose à penser qu’aux polémiques politiques, soit de la part des proches de Macron ou de membres de LREM, ce qui est choquant, l’entretien accordé par l’ancienne ministre de la santé puis candidate à la marie de Paris, Agnès Buzyn, au Monde ce même 17 mars 2020, est proprement extraordinaire. Que dit-elle ?

  • « Je pense que j’ai vu la première ce qui se passait en Chine : le 20 décembre, un blog anglophone détaillait des pneumopathies étranges. J’ai alerté le directeur général de la santé. Le 11 janvier, j’ai envoyé un message au président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Édouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir. »
  • « Quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu »
  • « Depuis le début je ne pensais qu’à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée »

La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, dont chacun connaît l’affirmation sur la nécessité de savoir mentir, a eu beau vouloir expliquer que les élections devaient se tenir… elle a botté en touche. La question n’est pas là. Où est-elle ? Il s’agit de savoir si au plus haut sommet de l’Etat la réalité de ce que nous vivons, ou commençons malheureusement à vivre, n’a pas été minimisée. Au regard de l’expérience que les Français ont aujourd’hui d’un exécutif dont certains membres goûtent du homard ou de la masturbation dans les locaux de la République, il y a lieu de s’interroger.

Le communiqué de rattrapage de Buzyn, aux éléments de langage repris toute la soirée par la Macronie, n’apparait que pour ce qu’il est : des mots creux. La question est simple : quelle est la responsabilité de l’exécutif dans une gestion de crise qui paraît chaotique ? Une réaction plus vive n’aurait-elle pas permis de ne pas manquer de matériel dans les hôpitaux ?

De façon très sérieuse, et très inquiétante quant à la compétence du pouvoir issu des élections de 2017 : comment se fait-il qu’Agnès Buzyn, alors ministre de la santé, ait déclaré à plusieurs reprises entre le 20 et le 24 janvier 2020, que « les risques sont modérés », « quasiment nuls » ? Que « le risque de propagation du virus dans la population est très faible » ? Il semble que nous soyons maintenant « en guerre ». Et peut-être au bord d’une crise systémique. De quoi s’interroger aussi sur les dogmes quarantenaires des libéraux-libertaires : la société progressiste idéale ne tient donc qu’à un « trou d’air » ?, pour reprendre les surprenants mots prononcés par Edouard Philippe mardi 17 mars ? D’après la Macronie, Agnès Buzyn aurait commencé un burn out. On la comprend, si elle lance l’alerte en vain depuis deux mois sur le drame sanitaire en cours, il y a de quoi.

* Autre questionnement quant à la compétence de l’exécutif : sa capacité à faire appliquer les décisions du président de la République auprès de certaines catégories de la population, en particulier les « quartiers où il y a de l’irrespect vis-à-vis de la République » (Patrick Pelloux, célèbre urgentiste peu soupçonnable d’extrémisme de droite, LCI, mardi 17 janvier, 21 h 40). Les mots sont choisis avec attention, mais non sans courage pour décrire une réalité effrayante. Plusieurs exemples ?

A peine, l’Etat avait-il ordonné de fermer les commerces non essentiels que dans certains quartiers dits de la diversité comme La Guillotière de Lyon, le 16 mars, tous les commerces sont demeurés ouverts, sans exception. Les témoignages en sont multiples. Mardi 17 mars, à 20 h 30, place Gabriel Péri, toujours quartier de la Guillotière à Lyon, plusieurs témoignages filmés montrent des grappes de dealers tranquillement en train de commercer comme à leur habitude. Notons qu’après l’annonce du confinement explicitée par le ministre de l’intérieur, confinement mis en oeuvre mardi à 12 heures, plusieurs quartiers de Paris ont été plus que rétifs, ses populations résistant même aux injonctions des forces de l’ordre. La spécificité de ces quartiers ? Ce sont des quartiers « perdus de la République », non pas « oubliés » mais perdus car devenus autres que quartiers de la République française.

Outre la crise sanitaire, la crise économique, la crise politique, le drame en cours va poser la question de l’immigration : les images ne montrent aucun européen, sinon les policiers. Une fois n’est pas coutume, même Franceinfo a été contrainte de diffuser de telles images. Une question qui va d’autant plus se poser, Patrick Pelloux aura malheureusement raison, dans les jours et les semaines à venir. Quand les « jeunes » seront dans la rue, outre ceux qui jouent déjà à cache-cache avec des forces de l’ordre en nombre insuffisant dans les petites villes de province, ceux qui dealent ouvertement et ceux qui ont déjà commencé à piller des épiceries ici et là.

Par Matthieu Baumier

 

Le Pinétisme quotidien

 

© Nicolas Pinet pour L’Incorrect

Le reportage du jour

 

Europcar, les Jambier du XXIe siècle

Le Parisien n’a pas de voiture, enfin le Parisien moyen. Celui qui n’a pas un pied-à-terre à Carnac ou à Megève. C’est con, surtout en cas de guerre. À sa décharge, depuis qu’on lui serine que la bagnole  « c’est pas bien pour la planète », qu’Hidalgo sucre toutes les places de parking et que Griveaux, avant de se faire prendre la main dans le calfouette, le menaçait de bannissement s’il osait passer le périph avec un diesel, le Parisien s’est fait une raison. Il n’aurait pas dû.

En tout cas, celui qui ne s’est pas fait envoyer chier par ses parents boomers flippés de se faire coronavirer par leur progéniture – jusqu’au bout ils nous feront chier ces cons-là, s’ils ne nous enterrent pas avant.

Le Parisien donc mise sur la location de voiture. La SNCF ne lui inspire plus confiance depuis les trois mois de grève et puis Macron l’a dit, les trains vont peu circuler. Il tente donc Europcar puisqu’il avait déjà fait une simulation la veille au cas où. À l’époque, 24 heures avant donc, pour une petite semaine de location il lui en coûtait une trentaine d’euros par jours pour une ptite SUV avec toutes les fonctions. Et là, surprise : la fameuse main invisible est passé par là (la salope), la même voiture lui est proposée à 600 euros pour une journée. Surpris, il réessaye, vire les cookies, son cache et tous les trucs qu’on lui conseille de faire sur l’internet : le prix ne bouge pas. Il appelle. Au bout de deux heures d’attente, un vague conseiller lui confirme le prix : c’est bien 600 euros. « Vous comprenez »,  explique-t-il , « on a beaucoup de demandes ». En fait non, il ne comprend pas mais il n’a pas le choix. Et ils le savent. Ceux sont les nouveaux Jambier, ils n’habitent plus au 45 rue Poliveau mais se goinfrent toujours comme des cochons, surtout en temps de guerre. 

 

Par Arthur de Watrigant

 

La minute réflexion

 

Une épidémie, c’est comme une réaction chimique produite sur le corps d’une population P à un moment M. Un bon moyen d’analyser la composition de l’organisme.

https://www.youtube.com/watch?v=UTCHUZI76y4

Interviewés dernièrement par nos confrères de L’Obs place de la Bastille, trois jeunes Parisiens démontraient par leur propos les conséquences du libéralisme moral post-soixante-huitard dans lequel ils avaient été « élevés », quoique « produits » serait un terme plus juste. « C’est une bonne initiative de sa part [le confinement décrété par Emmanuel Macron, ndlr] parce que je pense que les Français sont un peu inconscients. (…) On n’est pas au courant de ce qu’il se passe vraiment autour de nous. Moi, j’ai des cas dans mon bâtiment et ça fait un peu peur ». Ainsi s’exprimait Yasmine, posant donc comme prémisse à son raisonnement que le confinement était une mesure légitime et que cette légitimité, elle avait pu la conforter par sa propre expérience. « Ce que je pense du confinement ? résumait-elle, je pense que c’est une bonne mesure pour tout le monde ». Jusque là, tout était cohérent.

Ni raison, ni passion : rien.

Mais à la question : « Est-ce que je le respecterai ? », là, soudain, surprise : « Je ne pense pas, tout simplement », le tout lâché avec un sourire un rien narquois. En somme, je fais une analyse rationnelle mais je suis incapable de me soumettre à ma raison, c’est comme ça, je ne me maîtrise pas, on m’a toujours dit : « Fais comme tu le sens, viens comme tu es ! », et baignée depuis toute petite dans une ambiance pulsionnelle et libertaire rejetant toute forme d’autorité extérieure, je suis devenue une adulte incapable d’avoir de l’autorité sur moi-même, je ne m’obéis pas, je suis une soumise complaisante, désolée, amusée, de mes pulsions les plus primitives (il ne s’agit pas d’aller retrouver son grand amour, de résister à une tentation fabuleuse ou de ne pas oser monter au front, simplement de ne pas sortir pour ne « rien faire » dehors, au lieu de ne « rien faire » dedans). Consciente de mettre tout le monde en danger pour aucune raison, ou même passion, valables, Yasmine n’y peut pourtant rien, mais c’est plus fort qu’elle, parce que tout est plus fort qu’elle, parce qu’elle est la faiblesse incarnée.

Les rejetons du nouveau programme

On aurait pu comprendre que Yasmine dise : « Le confinement est légitime et je m’y soumets strictement ». On aurait pu comprendre qu’elle affirme, au contraire : « Le confinement est exagéré, je ne fais pas confiance à l’autorité, je ne le respecterai donc pas ». Mais ce qui est étonnant, est tellement un signe d’époque, c’est cette contradiction assumée : « Le confinement est légitime mais je ne suis pas capable de le respecter ». Cette résignation absurde et morbide est en-deçà de la révolte, celle-ci nécessitant une volonté ; elle est en-deçà du conformisme : celui-ci nécessitant, pour obéir au cadre, de s’obéir à soi-même. Mais elle est bien le résultat logique du programme contemporain de la licence totale, celle de ne jamais faire l’effort de se soumettre à rien, cette hideuse caricature de la liberté qui aura produit, au lieu de fougueux affranchis, tout simplement, d’indolents esclaves.

Par Romaric Sangars

 

Urgence sanitaire !

 

Aujourd’hui, un projet de loi d’urgence pensé pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 a été présenté en Conseil des ministres ainsi qu’un projet de loi de finances rectificative portant sur l’année 2020. En effet, le budget prévisionnel sera fortement corrigé par les mesures de lutte, coûteuses voire ruineuses, pour l’État – et, selon toute vraisemblance, pour le contribuable. La première décision est la déclaration d’un « état d’urgence sanitaire » réduisant nos libertés de circulation, puisque l’épidémie met en jeu « par sa nature et sa gravité, la santé de la population ».

Cet état d’urgence sanitaire, par sa durée et sa dureté, modifiera nos modes de vie d’une manière radicale, donnant au Premier ministre le pouvoir de «  par décret pris sur le rapport du ministre chargé de la santé, les mesures générales limitant la liberté d’aller et venir, la liberté d’entreprendre et la liberté de réunion et permettant de procéder aux réquisitions de tout bien et services nécessaires afin de lutter contre la catastrophe sanitaire » 

Il s’agit d’un droit d’exception répondant à un état d’exception suspendant le droit commun, comme le veut la fameuse théorie du juriste allemand Carl Schmitt. Subsistent encore de nombreuses questions sur son application concrète, mais aussi,  c’est plus problématique, sur le respect de ces nouvelles règles par la population. Il est notable que de nombreux Français n’ont pas encore pleinement évalué la dimension de l’état d’urgence sanitaire, ni sa nécessité, continuant à se promener librement. 

Ces gens, rétifs à l’autorité, doivent désormais être traités comme des criminels et des propagateurs du virus chinois. Au fond, l’avantage du Covid19 est qu’il nous permettra d’enfin mener la politique d’hygiène sociale et publique qui manque tant à la France.

 

Par Gabriel Robin

 

Bon confinement. ON LES AURA !

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