Dans son repaire sartenais, Olivier Battistini a créé une véritable République des livres. Comme la phalange d’Alexandre qui était le prolongement de la Cité, Olivier est le prolongement des ouvrages qu’il révèle, réveille, sublime et passionne. Dire que Paul-François Paoli est vite apprivoisé par cet environnement est un euphémisme. L’auteur de Confessions d’un enfant du demi-siècle et d’Aux sources du malaise identitaire français : valeurs, identité et instinct de collaboration semble à la fois imperturbable et fasciné par tant de trésors de la pensée. Et c’est sur cette pensée qu’il nous paraissait opportun d’interroger nos deux compagnons : leurs analyses des élections américaines, le terrorisme islamique et ce déclin de l’Occident qui nous invite à un sursaut.
Quels enseignements doit-on tirer du traitement médiatique de ces élections américaines ? Trump est-il le nom d’un réveil, d’une révolte de l’Occident ?
Paul-François Paoli – Il y a d’abord quelque chose que personne ne dit et qui est incroyable, c’est à quel point nous sommes devenus américains ! Les États-Unis sont le seul pays dont les élections ont un tel impact sur nous, comme si nous étions impliqués. Nous sommes requis de nous prononcer comme si ce pays était nôtre. Voilà qui en dit long sur ce que nous sommes devenus et ce dans un pays qui, du matin au soir, célèbre névrotiquement la mémoire du Général de Gaulle alors même qu'il a renoncé aux principes gaulliens depuis longtemps. Nous savons bien que l'élection de Biden ou de Trump ne changera pas grand-chose à la vie de l’Europe, les États-Unis ayant décidé depuis Obama de rompre avec l'interventionnisme. L’impérialisme américain, c’est hier et il faut plutôt s'en réjouir ! Il est donc absurde de prendre absolument parti car il nous est impossible de se mettre à la place des Américains eux-mêmes. Est-ce qu'eux se mettent à notre place ? [...]
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