Vous êtes poète, auteur d’une vingtaine d’ouvrages mais vous êtes aussi très engagée avec SOS Chrétiens d’Orient et avez parcouru le Moyen-Orient à de nombreuses occasions. Qu’est-ce qui vous attache à cette région du monde ?
Pour m’intéresser aux premières chrétientés, j’avais fait de longs séjours en Cappadoce et en Arménie. L’actualité m’a rattrapée avec l’irruption de l’État islamique et d’al-Nosra (al-Qaïda en Syrie). Quand l’association a été créée en 2013, je m’y suis naturellement investie. Volontaire en Irak et en Syrie au moment où sévissaient Daesh et al-Nosra, j’ai découvert à la fois des peuples et un patrimoine. Des peuples enracinés qui avaient dû abandonner églises – ou temples pour les yézidis – et cimetières, des familles dispersées quand elles n’étaient pas décimées, un patrimoine menacé ou saccagé.
La réalité faisait écho à la succession de massacres qui avaient sévi au début du XXe siècle contre les Arméniens, les Grecs, les Assyriens. Que ce soit d’un côté ou de l’autre de l’Euphrate, la même incompréhension : pourquoi et au nom de quoi bombardait-on leurs hôpitaux, leurs écoles, au nom de quoi les jetait-on sur les routes ? Que voulait-on réellement éliminer ici, dans cet Orient ? Dans ce cataclysme, je me suis retrouvée au cœur d’une spiritualité vivante, d’une ferveur vivifiante qui n’existe plus en Europe, sinon dans quelques îlots. [...]
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