À l’origine fut le label Sacred Bones, fondé en 2007 à Brooklyn par Caleb Braaten, un passionné de musiques diverses ayant pu nourrir son insatiable curiosité pour avoir grandi dans la boutique de disques d’un ami de ses parents. Tels Factory records (Joy Division, Happy Mondays), Mute (Depeche Mode, Laibach) ou en France les disques Tricatel de notre chevalier des arts et lettres préféré Bertrand Burgalat, Sacred Bones parvient à se faire une réputation d’authentique sceau de qualité. Sous l’influence d’une trinité formée par David Lynch, John Carpenter et Jim Jarmusch, le label tente de retrouver un certain esprit underground des origines : en gros, quand Genesis P. Orridge faisait peur aux hippies avec son esthétique militaire, pas quand il est devenu le sosie d ’une mère maquerelle en fin de parcours adoubé par Télérama.
Je chante le fœtus électrique
Le disque aurait pu sombrer dans un délire new age horripilant ; fort heureusement, la « très petite » Luca était pourvue de parents au goût sûr et à la carrière exemplaire. D’un côté, Elizabeth Hart, la mère, bassiste du groupe néo-psychédélique, Psychic Ills ; de l’autre, le père, Iván Diaz Mathé, chanteur, musicien et ingénieur du son pour Lee Scratch Perry. Le couple décide d’exploiter une technologie biosonique capable de transformer, à travers une interface midi, n’importe quelles impulsions produites en vibrations sonores. Voilà comment sont fabriqués des morceaux sobrement intitulés : V5, V4.3 pt.2, V2.1, V2.2, V3.2, V4.2, V4.1, V1, V3.1 et V4.3 pt 1. Autant de titres qui alternent sous des rythmiques quasi « motorik » (percutantes et obsédantes), des envolées planantes, mais aussi des tunnels où l’on croirait percevoir, à travers le liquide amniotique, l’activité de nano-robots se répandant en bruits étranges. On pense aux débuts des Allemands Popol Vuh et surtout au premier opus de Tangerine Dream, Electronic Meditation [...]
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