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Mort de Rick Davies, fondateur de Supertramp : adieu au vagabond

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Publié le

9 septembre 2025

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Après Ozzy Osbourne, c’est un autre monument du rock anglais qui rejoint le firmament électrique : Rick Davies, fondateur du groupe Supertramp, dont la voix inimitable a bercé les enfants des années 70… et suprêmement agacé ceux des années 90.
© DR

Les boomers sont en deuil. Le « rock de papa » vient de prendre un coup dans l’aile avec la disparition de Rick Davies, fondateur du groupe britannique Supertramp, fer de lance de cet espère de musique progressive typiquement britannique, et dont l’efflorescence tout au long des années 70 et 80 ne nous aura laissé qu’un souvenir suspect, presque embarrassé. Souvenir de longs trajets en voitures, pendant les périodes estivales, parasités par ces chansons douce amères, ces chœurs légèrement trop enjoués pour ne pas cacher autre chose – un mystère insoluble comme seule la pop peut en fabriquer, un secret à trouver peut-être dans ces constructions harmoniques complexes au synthé, discrètement mixées, trop chiadées pour être honnêtes et qui laissaient la part belle à des guitares expressionnistes, ouvertement rock. C’était quoi, Supertramp, au juste, à part la bande-son qui faisait bailler les gosses trop nerveux des années 90 à l’arrière du break familial ? Et d’ailleurs, que peut-on attendre d’un groupe qui se fait appeler SUPER-CLOCHARD ?

Supertramp, après des débuts hasardeux et une carrière internationale qui commence avec quelques atermoiements – dont cette fameuse première date parisienne où seulement… sept billets se sont vendus, un souvenir encore douloureux pour le producteur Pascal Bernardin –, c’est d’abord et avant tout une machine à tubes qui a su résister à la lente évaporation du rock britannique vers les horizons d’aciérie de la cold wave et du punk. À l’heure où Yes et T-Rex sombraient inévitablement dans la redite ou dans la sophistication absconse, Rick Davies et son compère Roger Hodgson restent fidèle à leur ligne : mélodiste et accessible – du moins au premier abord.

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Là où brille la musique de Supertramp, c’est surtout c’est bien dans ses constructions pop, presque easy listening, qui sont d’abord là pour amener l’auditeur, mine de rien, vers quelque chose de plus complexe et définitif, comme cette coda incroyable – et malheureusement chuintée – de Goodbye Strangers – ou encore ce solo imparable qui vient entailler la complainte quasi-victorienne de The Logical Song. À ce titre, on ne peut pas faire plus anglais que Supertramp – à l’autre bout du spectre du rock de la Perfide Albio,n on trouvera sans doute Black Sabbath, dont la figure de proue Ozzy Obourne vient également de tirer sa révérence.

Car s’il y a un génie britannique, c’est bien celui-là : celui de nous emporter en 4 minutes dans une narration complète, un petit univers clos où les ambiances s’empilent et cohabitent parfaitement comme dans une fantaisie de John Dowland. Il faut mettre à leur compte également ces arrangements presque néo-classiques qui renvoient à Queen ou même au Moody Blues de Days of Future Passed, avec en sus cet humour pince-sans-rire, ces arrangements parfois dadaïstes qui privilégient des instruments sortis de nulle part – et surtout un saxophone en roue libre, qui frise toujours sur la suavité d’un feuilleton érotique de bas étage. Sans oublier les coruscations métalliques de Bloody Well Right, pas si éloignées d’un Led Zeppelin période House of the Holy ou évidemment d’un King Crimson, double maléfique de Supertramp. On retiendra, pour accompagner notre deuil, ce pont majestueux dans Crime of The Century, un moment où la pop se fait presque cosmique, quand les cordes s’emballent dans des harmonies néo-classiques et nous rappellent à quel point le duo aurait dû composer des musiques de films. Bon vent au vagabond.

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