Comme beaucoup d’autres lobbys modernes conspirant « contre toute espèce de vie intérieure » (Bernanos), l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) lutte en fait pour un objectif exactement contraire. La « mort heureuse », telle qu’elle est pensée et défendue par cette association, c’est une mort avec le moins de souffrances, une mort privée de calvaire, une mort sans agonie. Qu’on puisse souhaiter souffrir le moins possible, rien n’est plus compréhensible, cependant fuir la souffrance à tout prix, voilà ce qui ne saurait être considéré comme digne : c’est lâche et vil.
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Viktor Frankl, psychiatre rescapé d’Auschwitz, expliquait que même dans la pire des situations, l’homme a le choix de vivre l’inéluctable avec dignité ou bien avec bassesse : il appelait cela manifester des « valeurs d’attitude » ; on peut toujours introduire un espace entre ce dont on pâtit et soi-même, et avec la pointe de son esprit, on peut toujours défier ce qui nous tourmente. L’attitude devant le « Grand capitaine » de Baudelaire, la façon d’appareiller, sa manière de mourir est la dernière occasion de montrer le fond de son âme, voire de la purifier. Si le bon larron avait été sous sédatifs, aurait-il pu se convertir in extremis ? [...]
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