Avec Xavier Breton, Marc Le Fur, Julien Ravier et Frédéric Reiss, vous avez déposé près de 2300 amendements sur un total de 3000. Revendiquez-vous la stratégie d’obstruction ?
Je revendique le fait d’avoir dû lancer une alerte. Nous avons utilisé le seul moyen qui est possible en pareille situation. Je vous explique le contexte : monsieur Falorni avait déposé sa proposition de loi, et nous avons constaté avec effroi que la commission avait adopté ce texte. À partir de là, puisque le texte allait arriver en débat dans l’hémicycle, nous nous sommes rendus compte qu’il fallait réagir de manière forte pour envoyer un signal clair. Il y avait à la fois un problème de forme - le sujet n’a pas suffisamment été débattu - et un problème de fond, parce que nous sommes hostiles à ce texte. En clair, monsieur Falorni voulait faire passer ce texte en force et sans discussion sérieuse. À partir de là, il a paru logique de déposer un grand nombre d’amendements pour pouvoir intervenir dans le débat et ne pas se laisser emporter par un coup de force politique sur un sujet majeur de civilisation. Le terme affabulateur qui est communément repris par les médias est celui d’obstruction. Moi je considère – et je reprends par là le langage de certains de nos adversaires – que nous avons été lanceurs d’alerte sur la question de l'euthanasie.
Quelle a été l’ambiance et la teneur des débats à l’Assemblée ?
L’ambiance était à la très grande théâtralisation. Monsieur Falorni a défendu une vision manichéenne des choses : il avait trouvé l’opposant à désigner, et on sait bien que désigner un bouc-émissaire facile permet de cristalliser un groupe. Il nous a montrés du doigt en considérant que c’était de notre faute si le texte n’était pas adopté. En réalité, monsieur Falorni voulait faire un coup politique.
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Certes, il a le mot de dignité à la bouche dans chacune de ses phrases, mais la manière dont il a opéré hier sur un sujet aussi sensible que l’euthanasie a de quoi interroger. Est-ce que nous étions dans un débat digne et serein ? La réponse est non. [...]
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