En Angleterre, Paul Weller s’est constitué une stature que l’on pourrait comparer chez nous à celle d’un Gainsbourg. La comparaison est bancale, mais pas sans fondements. C’est une figure incontournable, un maître admiré, une influence qui n’a jamais cessé d’agir sur des générations de musiciens. C’est aussi un homme multiple, changeant, ayant été à la fois un garnement lancé aux débuts du punk, celui qui popularisa de nouveau, dix ans après la première vague, l’attitude et l’esthétique mod ; mais également, et c’est ce qui nous intéressera aujourd’hui, le grand défenseur d’une certaine musique noire américaine. Du jazz raffiné d’un Coltrane à la soul de la Motown, jusqu’à son goût pour Sly & The Family Stone, il n’a jamais cessé de digérer ces influences pour les faire entendre à sa façon dans ses compositions. L’Anglais teigneux de Woking est donc autant un créateur qu’un transmetteur. Avec ce qui est déjà comme la meilleure compilation d’un Long Hot Summer à venir, Paul Weller renvoie l’ascenseur, et entreprend un exercice d’admiration absolument grandiose de par sa sélection sans faute. Pour nous parler de Weller autant que de ses obsessions musicales, je me suis entretenu avec Nicolas Sauvage, le plus british des biographes français de rock. Son dernier livre, sur Terry Hall, le chanteur des Specials, succède à ceux sur Morrissey et les Smiths, Damon Albarn, mais aussi et surtout, Paul Weller et Curtis Mayfield, qui tous deux réunissent une bonne partie des sujets de notre conversation. [...]
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