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Pépites d’automne & brasiers sonores : la sélection d’Emmanuel Domont

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27 décembre 2024

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Sans cesse noyés sous l’afflux permanent de disques nouveaux, il a fallu, pour cette rentrée musicale, sélectionner quelques albums sur lesquels bavarder hasardeusement au fil de mes humeurs. Certains pourront sans doute servir de cadeaux pour votre famille; d’autres seront plus à même de satisfaire des ennemis, voire des amis en manque de goût.
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SIROP ET LIQUEUR DIVINE MOON MUSIC, Coldplay, Parlophone Music, 15,99 € À dix ans, revenant de vacances en Savoie la nuit, je rêvassais avec l’album Parachutes de Coldplay. C’est un souvenir qui m’est resté, presque intact. Après les avoir snobés adolescent (c’était nécessaire, j’avais autre chose à faire), j’ai redécouvert les albums A Rush Of Blood To The Head (2002) et X&Y (2005) un peu plus tard. On pouvait bien leur reprocher d’être « trop propres trop lisses trop mous », les chansons étaient pourtant là. « The Scientist » est un hymne pop, point. Ceux qui le nient sont des cuistres qui font les malins. Depuis, les choses sont moins aisées pour ceux qui veulent défendre le groupe de Chris Martin. Pour tout dire, je m’en moque et sans doute eux aussi. Ils remplissent des stades et les rempliraient encore si ces stades contenaient 400 000 places. Ce n’est pas la question. Mais qu’est-ce qu’une carrière, qu’est-ce qu’une vie? Scott Fitzgerald, vous le savez, nous expliquait que « toute vie est bien entendu un processus de démolition »; de son côté, j’entendais Emmanuel Carrère, l’autre fois sur France Culture, dire que la vie était pour lui « une tentative de progression », ou quelque chose comme ça. Il est certain que Coldplay est un groupe qui croit plutôt au progrès qu’à la destruction. On imagine mal Chris Martin un livre-audio de Joseph de Maistre (ou disons Edmund Burke, bon…) dans les oreilles, faisant son jogging dans les quartiers de West Ham, tout en pestant contre la modernité infâme. À la place, il intitule une chanson de son dernier album avec un emoji arc-en-ciel. C’est autre chose, bien sûr. John Lennon mettait des lunettes teintées pour voir le monde en couleur. Arrivé à ce niveau, Chris Martin doit plutôt utiliser un casque de réalité virtuelle. Question musique, il est parvenu à intégrer à son talent de compositeur les nouveautés sonores (souvent les moins recommandables) des dix dernières années à sa musique plus que jamais sirupeuse. Il faut tout de même se méfier. Ces bougres de Coldplay peuvent, dans un moment d’inattention où vous ne surveillez plus ni votre distinction bien connue ni votre raffinement légendaire, prendre le contrôle de votre pauvre corps et le mener vers la piste de danse lors du mariage raté de votre meilleur ami (que vous ne voyez plus guère). Je vous aurai prévenu. [...]
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