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Les Peuls au centre de la mosaïque sahélienne

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Publié le

21 août 2018

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Qui sont véritablement les Peuls ? Nul n’a pu encore y répondre avec exactitude. Peuple nomade africain vivant à cheval sur plus d’une dizaine de pays, les Peuls ont toujours intrigué les explorateurs de passage.

 

Plus clairs de peau que les autres Africains de la région, les tribus pastorales qui composent cette ethnie forment un ensemble étonnamment homogène, riche d’une tradition orale originale s’appuyant sur une cosmogonie tendant vers le monisme. De nos jours, le mode de vie des Peuls les expose et des conflits ancestraux se réveillent à la faveur de la guerre contre les groupes djihadistes qui sévissent dans la région, notamment le vieil antagonisme qui les oppose au grand peuple sédentaire des Dogons.

Guerriers devant l’éternel, alternativement conquérants et conquis, les Peuls ont livré bataille contre la majorité des peuples de la région, des deux côtés du fleuve Niger, tant les Wolofs du Sénégal que les Berbères du Nord islamisées, s’associant à des Empires comme le Mandé, fondant le leur avec Sékou Amadou à leur tête. Toute aussi tumultueuse fut l’histoire religieuse des Peuls, convertis et reconvertis à l’islam à multiples reprises, déclarant le djihad contre les peuples « animistes » alentour sans toutefois renoncer eux-mêmes à leurs croyances les plus anciennes, leurs chefs se trouvant le plus souvent dans les rangs des « marabouts », sorciers et sages dont les enseignements reposent sur un syncrétisme entre la religion mahométane et les traditions de différentes aires culturelles du continent noir.

 

La guerre actuelle du Mali, que la France livre à raison tient d’abord de ces vieilles divisions locales, auxquelles s’ajoute une composante plus contemporaine, liée au nouveau djihad global parfaitement décrit dans Le Management de la Sauvagerie de l’islamiste Abou Bakr Naji. Quid des Peuls dans les conflits actuels au Sahel ? Au début de ce mois d’août, Abdoul Aziz Diallo, le président de Tabital Pulaaku, une importante association peule du Mali, déclarait que des chasseurs dogons avaient assassiné onze civils peuls à la suite d’un enlèvement en marge d’une foire. Selon les représentants des Peuls, leur peuple serait actuellement victime de multiples exactions et vexations qui pourraient provoquer une tentative d’épuration ethnique, sous couvert de lutte contre les organisations terroristes qui ont mis le Mali à feu et à sang lors des dix dernières années.
Alors, les Peuls : victimes ou coupables ? Soumis à une situation économique difficile, les jeunes Peuls s’engagent de plus en plus fréquemment dans les mouvements djihadistes, de même que d’autres populations d’éleveurs nomades. Ici, l’islam est un moteur qui se nourrit d’antagonismes antiques divisant les sociétés africaines, et plus généralement le monde. Ne sommes-nous pas, nous-mêmes en Europe, les fruits d’un brassage entre des ethnies sédentaires de cultivateurs et des peuples nomades pratiquant l’élevage ? Songeons aux diverses incursions scythes, à la grande armée des Huns d’Attila ou aux Avars finno-ougriens qui s’installèrent finalement en Hongrie dans la seconde moitié du premier millénaire de l’ère chrétienne, pour comprendre que l’Afrique est, elle, toujours traversée par ces dynamiques fondamentales.

 

Plusieurs raisons tendent à expliquer l’accroissement des tensions intercommunautaires au Sahel : sécheresses, extension des cultures, apparition de l’élevage moderne, frontières postcoloniales qui ont coupé en deux des tribus, etc. Au reste, les Peuls se sont scindés en deux catégories n’ayant plus grand chose de commun. Une partie d’entre eux s’est formidablement bien adaptée à la nouvelle organisation des Etats africains contemporains, formant une nouvelle élite cultivée dans divers pays d’Afrique, comme y parviennent souvent les petites communautés soudées, quand les autres, fidèles à leurs traditions, se sentent marginalisés, exclus et déclassés. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui peuvent être tentés par le djihad, manière de regagner une fierté perdue. L’idée d’un nouveau djihad peul, semblable à ceux qu’a connus la région aux dix-huitième et dix-neuvième siècles, angoisse les Maliens et renforce les préjugés.

Comme souvent donc, l’Afrique nous contraint à des analyses non manichéennes. Pour éviter de nouveaux drames ethniques, qui finissent toujours par nous atteindre, nous devons rester vigilants et favoriser les politiques d’équilibre dans la région. La lutte contre l’immigration massive, si elle doit prioritairement s’ancrer sur des politiques efficaces de contrôle aux frontières communes de l’Europe, ne pourra pas faire l’économie de réflexions ciblées au cas par cas dans tout le sous-continent africain. Le Maghreb aura, notamment, un grand rôle à jouer… Pour l’heure, certaines des orientations prises par le monde maghrébin, plus encore le monde arabe, n’ont fait qu’attiser des situations déjà extrêmement périlleuses.

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