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Philippe Charlez : « Les délestages vont accentuer les inégalités territoriales déjà existantes »

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Publié le

7 décembre 2022

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À l’approche des fêtes de fin d’année, avoir de l’électricité dans nos foyers n’a jamais été aussi incertain. Expert énergéticien à l’Institut Sapiens, auteur et enseignant, Philippe Charlez met en cause l’inefficacité des énergies renouvelables et craint que les délestages ne renforcent les inégalités territoriales.
entretien-charlez

Vous avez récemment publié sur Twitter un tableau détaillant les offres théoriques et disponibles des différentes sources d’électricité en France. D’où viennent ces chiffres et comment avez-vous fait vos calculs ?

Je compare dans ce tweet l’offre théorique d’électricité à l’offre disponible. Ce que j’appelle offre théorique correspond aux capacités installées par source d’électricité, des chiffres aisément consultables sur le site de RTE. L’offre disponible correspond aux capacités que j’estime à peu près disponibles compte tenu de la situation électrique actuelle. Je me suis placé dans un cas particulier : matin ou soir dans la situation d’un anticyclone polaire.

https://twitter.com/Phcharlez/status/1598967036209549317

On remarque un décalage important entre l’offre théorique et l’offre disponible, notamment en ce qui concerne nos sources d’énergies renouvelables. Comment expliquer ces écarts ?

Aux heures de pointe du matin (8h) et du soir (19h) il n’y a pas de soleil. De surcroit, en cas d’anticyclone solaire, il n’y a pratiquement pas de vent. Ceci explique les 3 GW d’ENR (sur un total de 32 GW installés). Ce chiffre de 3GW est estimé à partir de ce qui a été observé au cours des dernières années. C’est donc la météo qui décidera de la capacité renouvelable disponible. Ainsi, ce lundi 5 décembre, il n’y avait qu’un petit GW d’éolien disponible. Même si on augmentait la capacité théorique en installant davantage d’éoliennes ou de panneaux solaires, cela ne changerait rien dans la mesure où le problème est l’absence de soleil et de vent. On peut faire la comparaison avec un appartement : vous pouvez installer des radiateurs à l’infini, si vous ne relevez pas l’eau chaude l’appartement ne sera pas davantage chauffé.

Même si on augmentait la capacité théorique en installant davantage d’éoliennes ou de panneaux solaires, cela ne changerait rien dans la mesure où le problème est l’absence de soleil et de vent

En ce qui concerne le gaz et l’hydroélectricité ce sont les stocks qui peuvent limiter les capacités disponibles. Ainsi, le stock de gaz qui a été renouvelé pour l’hiver ne peut pas être vidé prématurément au cours de la première vague de froid. Ceci explique les 13 GW disponibles face aux18 GW théoriques. C’est un peu pareil pour l’hydroélectricité. Si on met en œuvre trop tôt l’ensemble de la capacité installée on risque de vider prématurément les barrages et de devoir s’en passer en cas de seconde vague de froid.

Enfin, en ce qui concerne le nucléaire l’énorme écart entre théorique et disponible s’explique par le nombre de réacteurs arrêtés pour maintenance curative. Durant le mois de janvier, 1/3 des capacités devraient manquer d’où les 40 GW sur 60 GW théoriques. Par exemple, cette semaine nous n’avons pas dépassé 37 GW.

Cette situation énergétique que connait la France est-elle inédite ou avons-nous déjà été confrontés à cela par le passé ?

En ce qui concerne les ENR et l’hydroélectricité, c’est un « classico » étant donné que les conditions météorologiques se répètent chaque année. Suivant que l’hiver est plus ou moins rigoureux la situation peut toutefois être plus ou moins tendue. Ce qui est inédit cette année c’est la double tension sur le nucléaire et le gaz. Normalement, on dispose d’une soixantaine de GW nucléaires soit 20 GW de plus qu’aujourd’hui. Quant au gaz, la situation a été rendue critique notamment par le conflit russo-ukrainien. En résumé, c’est au niveau du nucléaire et du gaz que la situation est exceptionnelle. [...]

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