Un jour, j’ai lu une interview d’un groupe de musique jeune que j’aimais bien, Kraftwerk, parangon pop de futurisme. Ils expliquaient, en gros, qu’ils n’étaient inspirés, eux qui chantaient la radioactivité de Pierre et Marie Curie, la TSF de grand-papa et le Trans-Europ-Express du Marché commun, que par la vieille modernité des années 30 à 60. Parce que « la modernité était plus moderne avant », disaient-ils à peu près.
De Gaulle & Spirou
Eh bien, j’ai le même sentiment pour avoir grandi au temps de de Gaulle et de Spirou. Si ce numéro de L’Incorrect s’intéresse au grand déclassement culturel et économique français du troisième millénaire, je peux invoquer, par contraste, l’atmosphère techno-optimiste de mon enfance française. Avec plein de souvenirs et de références flamboyantes et si modernes. D’abord, en janvier 1962, l’arrivée télévisée du paquebot France dans le port de New-York, commentée lyriquement comme il se doit par Léon Zitrone, incontournable journaliste de cour de l’ORTF. C’était, 20 ans après le naufrage sans gloire, dans le même port yankee, de son grand frère Normandie, comme un exorcisme tricolore. [...]
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