Jamais dans l’histoire politique française l’on n’avait assisté à pareil triomphe du vote utile. Les trois candidats arrivés en tête avec plus de 22% des voix ont chacun bénéficié d’un mécanisme d’aspiration-concentration tout à fait évident : Emmanuel Macron a siphonné Valérie Pécresse, Marine Le Pen a siphonné Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon a siphonné la gauche toute entière.
Un sondage Opinionway pour CNews – Europe 1 sur la structuration des votes pour chacun des candidats, entre respectivement le vote de conviction et le vote utile, a depuis mesuré ce que tous les observateurs ont noté dès dimanche soir. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon (49%-51%), Emmanuel Macron (64%-34%) et Marine Le Pen (66%-34%) ont bénéficié du vote utile pour le tiers et/ou la moitié de leurs électeurs. La logique a été d’autant plus accentuée qu’il y avait une grande incertitude sur l’identité des deux qualifiés, que donc les partisans de chacun pouvait à la fois espérer et/ou se sentir menacé. Le mécanisme a de fait été encore plus brutal sur les deux derniers jours, au point que chacun des candidats aura réalisé un meilleur score que prévu par les derniers sondages, reléguant leurs concurrents à plus de quinze points.
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Les écarts grandissants entre premiers et derniers pourraient bien signer la fin des scores intermédiaires, pourtant constitutifs de l’histoire politique de la Ve République en tant qu’ils faisaient du troisième candidat le faiseur de roi, depuis Jacques Chaban-Delmas en 1974 jusqu’à François Bayrou en 2007. [...]
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