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Ready Player One annonce le grand retour de Steven Spielberg à la fable fantastique. Entre prouesses techniques, déluge de références prodigieusement bien amenées et un rythme qui ne faiblit jamais, le réalisateur prouve qu’à 71 ans son talent est toujours là. Mais est-ce suffisant ?
Dès l’ouverture, la caméra de Spielberg suit, au rythme de Jump de Van Halen, le jeune Wade Watts qui parcourt son bidonville version futuriste. Il évolue ainsi dans une décharge géante où s’amoncellent des containers en guise d’habitat, et où les personnages, tous sortis des années 80, sont affublés pour l’occasion d’un casque de réalité virtuelle. Nous sommes en 2045. Le monde est au bord du chaos. Les êtres humains se réfugient dans l’OASIS, univers virtuel mis au point par le brillant et excentrique James Halliday. Avant de disparaître, celui-ci a décidé de léguer son immense fortune à quiconque découvrira l’œuf de Pâques numérique qu’il a pris soin de dissimuler dans l’OASIS. L’appât du gain provoque une compétition planétaire. Mais, Wade Watts, qui n’a pourtant pas le profil d’un héros, décide de participer à la chasse au trésor et est plongé dans un monde parallèle à la fois mystérieux et inquiétant…
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Après Pentagon papers, Lincoln et Le Pont des espions, Spielberg revient au genre qu’il affectionne particulièrement, la fable fantastique. Si les humains, à l’exception de rares nantis, vivent dans des conditions précaires, tous peuvent s’échapper dans l’Oasis pour faire et devenir ce qu’ils veulent. Dès l’ouverture, le réalisateur de Minority Report prend soin d’opposer le réel, terne et délimité, au virtuel flamboyant et sans limites. Mais entre la satire sombre de l’addiction (la démocratisation d’internet et l’émergence de la réalité virtuelle), et la célébration du virtuel, Spielberg joue au danseur, préférant finalement le pas de côté, un peu facile, qui consiste à révéler le réel par le virtuel. On le comprend tant sa maîtrise de l’image et son génie créatif trouvent leur apogée dans ce monde numérique.
Spielberg joue au danseur, préférant finalement le pas de côté, un peu facile, qui consiste à révéler le réel par le virtuel.
Rarement, le cinéma numérique a été aussi bien utilisé. Son utilisation de l’espace, des corps, des décors et des couleurs est prodigieuse et ne souffre aucune limite. Dans cet Oasis, le moindre mouvement de caméra révèle tout autre chose, à chaque fois plus surprenante. Spielberg navigue avec virtuosité d’univers en univers, truffant son film de références cinématographiques, littéraires et musicales sans jamais ralentir son récit. Fabuleux conteur, le réalisateur immerge, avec la même virtuosité, le spectateur dans une course en Delorean (la mythique voiture de Retour vers le futur) semée d’embûches (King-Kong, le T-Rex de Jurassik Park), ou dans l’hôtel Overlook de Shining.
Comme toutes les fables, Ready Player One offre une lecture politique de notre monde contemporain.
Comme toutes les fables, Ready Player One offre une lecture politique de notre monde contemporain. L’ombre menaçante du capitalisme plane sur ce monde de libertés qu’offre le virtuel. Ce sont les avatars qui s’émiettent en pièces lorsqu’ils sont tués, poussant Wade à guetter la mort pour s’enrichir ou la firme de l’affreux Sorrento s’emparer de l’Oasis. Mais cette dénonciation se heurte à l’âme d’enfant de Spielberg, comme si la mainmise du virtuel sur le réel condamnait l’existence de personnages incarnés jusqu’à les rendre interchangeables. Un obstacle qui se confirme dans le dernier tiers du film, qui, malgré l’abondance de prouesses visuelles et de “Madeleines de Proust” offertes au spectateur, révèle un scénario bien pauvre sans ses habits de lumière.
Par Arthur de Watrigant
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