On pourrait entamer cette chronique en tentant d’énumérer les références qu’on trouve dès le titre et tout au long de Reflet dans un diamant mort, mais on n’aurait pas assez d’une double page et, en affinant, peut-être que le numéro entier y passerait, ce qui on le conçoit, est impossible. Découverts en 2009 avec Amer (qui eut l’honneur informel d’être choisi par Quentin Tarantino dans sa liste des dix films de l’année), Hélène Cattet et Bruno Forzani pratiquent un cinéma fractal qui déconstruit littéralement les genres en les réduisant en autant d’innombrables facettes raboutées les unes aux autres. Prenons le motif de la femme masquée en justaucorps noir, omniprésent dans leur dernier film. Il remonte à la Musidora de Feuillade et se décline chez Georges Franju (Judex), Hitchcock (La Main au collet), Tim Burton (Batman, défi) et pour être un peu fluide, chez le mâle Diabolik de Mario Bava, l’une des influences majeures du couple (l’héroïne masquée poursuivie par l’agent secret se nomme Serpentik). Un reste de pudeur nous fait omettre l’éboueur gay kidnappeur de motard (O Fantasma de Pedro Costa). Toutes ces références sont présentes dans la femme en noir de Cattet/Forzani. Leurs images les activent comme un dispositif pavlovien pour cinéphile. Et on ne parle là que d’un motif, alors que le film en contient des dizaines. Cette accumulation détermine la forme explosante/fixe de ce cinéma frénétique et fascinant. [...]
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