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Réponse à Raphaël Enthoven

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Publié le

8 octobre 2019

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Regard combatif, tout de noir vêtu pour accentuer la finesse de votre silhouette, soigné jusqu’à votre stylo – noir lui aussi – serré au bout de vos doigts, je vous revois, campé solidement derrière votre pupitre. Raphaël Enthoven, vous étiez très impressionnant samedi dernier, lorsque vous avez pris la parole devant 2000 personnes à l’occasion de la Convention de la droite. Chaque saillie, chaque formule, chaque sophisme était accompagné d’un mouvement de votre corps, affirmé, mais rassurant. Vous étiez le professeur, et vos élèves ont été attentifs et courtois, à l’exception d’une poignée de cancres turbulents.

 

 

 

Sur la forme donc, rien à dire. Vous avez eu l’élégance de répondre à notre invitation, et de nous présenter un joli laïus bien ficelé, un grand oral de rhétorique.

Mais Raphaël Enthoven, pourquoi avoir mis vos talents oratoires indéniables au service d’un néant argumentatif ? Pourquoi une si éclatante enveloppe pour si peu de fond ? Vous sembliez parfois vous étourdir de mots pour oublier le nihilisme de ce que vous appelez Progrès.

Passons sur ces boursouflures égotiques qui ne vous ressemblent pas – comme lorsque vous parlez à la manière de Jésus (« en Vérité je vous le dis ») ou que vous prenez « l’avenir à témoin » ce dont, par principe, ni vous, ni personne n’est capable.

Passons sur les slogans performatifs, les pensées magiques – « ça ne marchera pas », même si vous le répétez inlassablement, ne devient pas un argument – passons sur ce feu d’artifice de sentences, de propos fatalistes, de jugements à l’emporte-pièce et de jeux de mots charmants, mais faciles.

Je vous pardonne aussi d’ignorer qu’une souche n’est pas seulement un « arbre sans tête ». Ce mot vient du gaulois, il signifiait « partie » ou « pièce » et a une multitude de définitions. Si vous connaissiez mieux les campagnes, vous sauriez que ce bois qui peut sembler mort est un biotope qui abrite les créatures les plus diverses, et qu’il en jaillit les surgeons du renouveau. Ce mot désigne aussi une base de construction, ainsi que l’ancêtre commun, l’origine. Sans compter les recherches fructueuses sur les « cellules souches » ou l’utilisation de ce terme en intelligence artificielle.

Passons sur les erreurs factuelles, comme ce « couscous-gate » que vous mettez en exergue, alors que chacun sait qu’il a été orchestré. Voilà une fragile illustration pour étayer un de vos rares arguments sur la proximité des indigénistes et des identitaires : construisez sur du roc plutôt que sur de la semoule ! Je vous pardonne aussi d’ignorer qu’une souche n’est pas seulement un « arbre sans tête ». Ce mot vient du gaulois, il signifiait « partie » ou « pièce » et a une multitude de définitions. Si vous connaissiez mieux les campagnes, vous sauriez que ce bois qui peut sembler mort est un biotope qui abrite les créatures les plus diverses, et qu’il en jaillit les surgeons du renouveau. Ce mot désigne aussi une base de construction, ainsi que l’ancêtre commun, l’origine. Sans compter les recherches fructueuses sur les « cellules souches » ou l’utilisation de ce terme en intelligence artificielle.

Passons aussi sur vos contradictions avec cette « nature », que vous ridiculisez lorsque vous croyez que vos adversaires la convoquent, mais qui justifie tout lorsque que vous déclarez de manière assez emphatique : « ce qui me rend si certain de ma prédiction, c’est la nature humaine en personne » !

Passons même, mais plus péniblement, sur vos lacunes en sciences humaines. Être philosophe ne dispense pas d’être un peu historien, même amateur. Comment pouvez-vous affirmer que l’Histoire a un sens, que ce sens a une direction, et que cette direction va vers VOTRE notion du progrès ? Quelle absurdité de jurer que l’on ne reviendra jamais sur la PMA sans père, lorsque l’Histoire se montre comme un balancier perpétuel ? Les lois sont le produit d’un rapport de force, aucune n’est intangible ! Comment oser affirmer que les libertés individuelles n’iront qu’en s’accroissant alors que la liberté d’expression et de manifestation n’ont cessé d’être rognées depuis ma naissance ? Vous qui parliez de prostitution : entre la fermeture des maisons closes et la pénalisation des clients, je n’ai pas le sentiment que l’on aille vers votre libéralisme idéal… J’ai bien noté la précaution « sauf changement de régime », mais quelle blague en sachant que la France a connu 16 régimes depuis 1789 soit un tous les 15 ans en moyenne ? En 1989, on pouvait pardonner Fukyama qui croyait à la fin de l’Histoire au moment de la chute du bloc soviétique, mais 30 ans après, c’est un peu infantile.

 

Lire aussi : François de Voyer, le président du collectif Audace, dévoile sa stratégie

 

Arrêtons-nous enfin sur vos graves faiblesses méthodologiques. Que vous n’ayez pas eu le temps de définir certains concepts dont vous vous êtes pourtant servi de manière hasardeuse, passe encore. Quoiqu’il aurait été assez utile de comprendre ce que vous fourriez derrière le conservatisme, le souverainisme, le libéralisme, et jusqu’au patriotisme que vous avez limité à une affaire de « bouffe ». Mais que vous n’ayez pas un instant tenté de comprendre qui nous étions, ni ce que nous pensions, que vous n’ayez pas cherché quelques paradigmes communs qui ne soient pas fantasmés dans la foule que vous affrontiez, cela est plus problématique. Cette méthode de caricature de l’adversaire n’est pas digne de vous. Vous avez cru sincèrement que vous aviez devant vous une assemblée favorable à la peine de mort, prête à partir en guerre contre nos voisins européens, équipée de cilices et de ceintures de chasteté ?

Un fantasme parallèle au précédent est celui de vous croire un penseur objectif, aux raisonnements axiologiquement neutres, miroir lumineux des nostalgies irrationnelles de fascistes aux bois dormants. Non, Raphaël Enthoven, vous n’êtes pas neutre lorsque que vous affirmez que « l’idée d’identité n’a aucun sens ». Vous n’êtes pas neutre lorsque vous expliquez que le « moi » n’est un smoothie d’ADN et de souvenirs ! Que nous sommes comme des oignons que l’on pèle, qu’il n’y a rien dedans !

Qu’il est triste aussi de considérer le patriotisme comme un résidu, le hochet qui reste lorsqu’on a bien battu sa coulpe ! Combien de coups de fouets avant de pouvoir aimer son pays ? Cette vision de l’Histoire qui choisit de retenir le Code Noir, mais pas l’Abolition, Vichy mais pas la Résistance, est borgne, sinistre, et obsessionnelle. A quel point vous faudra-t-il salir le passé pour embellir votre avenir progressiste ?

Non, vous n’êtes pas neutre, et votre univers est triste.

Qu’il est triste de détacher les libertés collectives de la recherche du Bien : la liberté serait donc amorale ? Est-ce bien la liberté que d’assouvir tous ses désirs ? Ne s’agit-il pas plutôt de licence, de simple contractualisation lorsqu’on peut louer le ventre d’une femme ? Vous rendez-vous compte que vos libertés individualistes vont se fracasser les unes contre les autres, aux dépens des plus essentielles, en fonction des rapports de force entre communautés ?

 

Lire aussi : A Raphaël Enthoven

 

Qu’il est triste aussi de considérer le patriotisme comme un résidu, le hochet qui reste lorsqu’on a bien battu sa coulpe ! Combien de coups de fouets avant de pouvoir aimer son pays ? Cette vision de l’Histoire qui choisit de retenir le Code Noir, mais pas l’Abolition, Vichy mais pas la Résistance, est borgne, sinistre, et obsessionnelle. A quel point vous faudra-t-il salir le passé pour embellir votre avenir progressiste ?

Qu’il est triste d’être ainsi hanté par le vide et la mort, d’avoir l’euthanasie pour principale ambition.

Qu’il est triste de préférer la déconstruction – traduisez démolition – au joyeux et vivant chantier de l’arche de Noé.

Ne nous remerciez pas pour cette psychanalyse que nous vous avons offerte samedi dernier : votre matérialisme doit être lourd à porter, et cela vous change d’être écouté par des gens qui ne sont pas des oignons creux, et dont l’universalisme ne se réduit pas à un arrondissement parisien. Cher Raphaël Enthoven, à court terme, vous gagnerez, parce que vous êtes les plus morts.

Vous avez cependant eu une réflexion juste au sujet de la manière de nous définir : aucun mot n’est satisfaisant. Droite, conservateurs, patriotes, souverainistes… Nous ne savons pas bien nous étiqueter, mais nous savons ce que nous sommes : une grande famille qui se presse au chevet de Notre-Dame, qui se dresse pour défendre Zemmour et la liberté d’expression, qui comprend ce qui l’unit quand elle vous écoute. Je vous reprends Gary que vous avez tordu l’autre jour : « De Gaulle savait qu’un idéal de grandeur, fût-il inaccessible et sublimé, souvent mystique, sinon purement verbal, constitue un but qui laisse, s’il est poursuivi avec toute l’ardeur du cœur et de l’esprit, dans le sillage même de notre échec à l’atteindre, quelque chose qui ressemble fort à une civilisation ».

Ne nous remerciez pas pour cette psychanalyse que nous vous avons offerte samedi dernier : votre matérialisme doit être lourd à porter, et cela vous change d’être écouté par des gens qui ne sont pas des oignons creux, et dont l’universalisme ne se réduit pas à un arrondissement parisien. Cher Raphaël Enthoven, à court terme, vous gagnerez, parce que vous êtes les plus morts.

Mais la route est longue, et parce que nous aimons passionnément la France, parce que nous avons l’ardeur du cœur et de l’esprit, nous présiderons un jour à sa destinée.

Alors, pour que nous y parvenions, vous aussi, surtout, ne changez rien !

 

François de Voyer

François de Voyer est chef d’entreprise, président du cercle Audace et co-organisateur de la Convention de la droite.

 

 

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