En donnant mon passeport et mes billets, le policier qui vérifie les documents m’interroge machinalement : « Vous allez où... ? » « En Irak, monsieur ». Ce regard mi-ébahi, mi-inquisiteur du fonctionnaire sédentaire, cela fait désormais huit ans que je le vis, souvent avec amusement, parfois avec lassitude. Aujourd’hui directeur des opérations de SOS Chrétiens d’Orient en charge de tous nos pays de mission, la plupart pour le moins exotiques (Syrie, Irak, Liban, Jordanie, Égypte, Arménie, Pakistan, Éthiopie), j’ai passé trois années en Irak durant l’occupation d’une partie du territoire par l’État islamique. J’y retourne aujourd’hui afin d’inspecter la mission, rencontrer nos volontaires, les salariés locaux et pour faire le tour des projets.
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Après une escale à Istanbul, j’embarque pour Erbil, capitale du Kurdistan irakien. Dans l’avion se mélangent des Kurdes, une myriade de larges Américains travaillant généralement dans le pétrole et quelques humanitaires habitués des zones sensibles. Tout à l’avant, en classe affaires, une poignée de diplomates européens et d’hommes d’affaires libanais somnolent.
L’avion touche le sol. Il est trois heures du matin à Erbil. Ragheed, l’un de nos responsables locaux vient me chercher et nous roulons sur les grandes artères désertes d’une capitale régionale qui se veut le « nouveau Dubaï ». Partout autour de nous, des immeubles lumineux d’une vingtaine d’étages annoncés par des panneaux éclairant le bord des routes : « ici une piscine », « là un cinéma », « ici le meilleur restaurant à viande de la ville ». Nous ne goûterons rien de cela à cette heure-ci, le programme de ces dix prochains jours est dense et il nous faut aller dormir. [...]
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