Les textes rassemblés dans Chronique de la guerre civile en France sont plus variés et littéraires que ce titre offensif pourrait le laisser penser. La plupart ont déjà été publiés lors de la précédente décennie par le regretté Pierre-Guillaume de Roux, notamment le célèbre Éloge littéraire d’Anders Breivik, par quoi le scandale était arrivé et qui voua un écrivain admiré et un éditeur vedette (chez Gallimard) aux gémonies médiatiques et à la marginalisation. Le texte sur le tueur norvégien était accompagné d’essais sur la déchéance du sens, du langage et de la littérature, également présents dans ce livre-somme, lequel comporte aussi, consécutive à l’affaire en question, une lettre aux Norvégiens, mais également une lettre aux Libanais, « Le Liban dans l’œil du cyclone » et « Chrétiens jusqu’à la mort », un texte combatif et déchirant sur la persécution des chrétiens d’Orient dont l’abandon par l’Occident constitue pour l’écrivain l’un des signes de sa décadence.
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On trouve encore des textes moins directement polémiques et tout autant somptueux, comme « L’Être-bœuf » et quoi que même la consommation de viande soit devenue aujourd’hui suspecte, ou encore le livret d’opéra Charlotte Salomon, lequel n’en est pas moins précédé d’une lettre à Luc Bondy, qui devait alors monter l’œuvre à Salzbourg mais qui congédia sournoisement l’écrivain dont le bannissement progressait, si bien que tous ces écrits demeurent environnés d’une forme de violence, qu’elle soit sociale ou guerrière, ainsi « Pourquoi la littérature de langue française est nulle », ridiculisant Maylis de Kerangal dans un article au vitriol initialement publié dans La Revue littéraire et qui valut à l’écrivain son éviction définitive des éditions Gallimard. [...]
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