Jamais loin de la symphonie postromantique, du dégoût nécessaire mais pas suffisant, le journal de Roland Jaccard m’était destiné. Les fonds de poubelles et les messages impromptus aident à vivre. On y banalise les idées et y affole les émotions. On suit son bon plaisir. Le corps est à la fois maître et traître. Le suicide, la meilleure preuve qu’on peut se passer de soi.
Les malheurs partagés ont toujours l’air moins triste. La vie semble être ce mauvais téléfilm où l’on comprend tout dès les premières minutes. Nous devons être des adolescents à la disponibilité extrême. Des adolescents angoissés à l’idée de tomber malade, de manquer d’argent, et qu’on se moque d’eux. À cet âge, tout désaccord est une offense. D’ailleurs, on y apprend que sa citation fétiche à 15 ans était celle de Montaigne : « Qui craint de souffrir, souffre déjà de ce qu’il craint ». Indifférent et dragueur. Charmer ou disparaître, dirait Roland Jaccard. Une seule ambition, l’indépendance. D’Oudinot à Sils-Maria. De Montreux à Taormina.
Dans une complaisance avec le vide, le ricanement face à l’absolu et aux beautés funèbres, on décompose le dérisoire en cherchant l’intense.
L’homme agit souvent contre son intérêt. Mais il entend la principale caractéristique de l’époque qui est la compassion pour tout ce qui est lointain et une indifférence pour tout ce qui est proche.
Le sentiment du ratage, et celui d’avoir fait le tour de la question ne le quitte pas, mais la curiosité non plus. La vérité est toujours pathétique et pitoyable. L’espoir et la révolte sont vains. La pulsion vitale est précaire. De l’amusement avant toute chose.
Il faut tenir quoi qu’il advienne. Il faut toujours se comporter en maître – et trouver sa béquille. [...]
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