Si vous êtes nés dans les années 80, vous avez déjà forcément entendu la musique de Shunsuke Kikuchi. Cuivres plaintifs, trémolos de cordes et envolées au lyrisme superlatif, la musique de Kikuchi empruntait autant au cinéma italien qu’à l’école de la Toei et du tokusatsu – ces séries de superhéros japonais pour lesquelles il signa ses premières bandes son. Dès les années 60 cet originaire de la préfecture d’Aomori, région au nord de l’île connue pour sa météo rude et ses légendes populaires encore vivaces, se fait la main sur des séries culte comme Kamen Rider ou Gamera, où il impose déjà son style avec un mélange unique d’ambition symphonique et de funk crépusculaire.
Cinéphile tout autant que mélomane exigeant, il contribua largement à donner à l’animation japonaise – et en particulier au shonen – cette coloration ultra-dramatique, parfois désespérée, qui contribua sans doute à faire de nous des enfants traumatisés. Il est probable que sans lui, les combats de Dragon Ball Z ou les virées spatiales d’Albator eussent-été beaucoup moins épiques : si les gosses que nous étions se souviennent aussi bien des empoignades sans fin de Son Goku et de Vegeta, c’est d’abord grâce à la musique omniprésente de Kikuchi, parfaite pour illustrer les scènes d’action dilatées et outrancières des blockbusters de l’animation télévisée. [...]
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