Filleul de Louis Aragon, mari d’Eva Ionesco, à qui il consacra l’un de ses plus célèbres romans (Eva, 2015), sa vie rejoint souvent le chaos pailleté de ses romans, comme lorsque son épouse l’agressa au couteau en février 2021 (la justice a condamné en mai Eva Ionesco pour faits de violence à l’encontre de son mari). Mais ce ne sont peut-être là que les effets secondaires et inéluctables d’une méthode que l’écrivain emploie pour écrire sa vie et vivre son œuvre. C’est du moins l’un des secrets qu’il nous confia un après-midi de début d’automne, à la table d’un café de Saint-Germain-des-Prés dont la décoration témoignait, intacte, de la fantaisie des années 50.
Quel regard portez-vous sur votre œuvre commencée tard et écrite comme en accéléré ?
Le mot « œuvre » me paraît toujours très orgueilleux, mais il y a une unité, en effet, des thèmes récurrents. Quand on commence à écrire tard, on est sans doute plus cohérent que si l’on commençait dans sa jeunesse. Ce n’est pas forcément une qualité. Il y a parfois une trop grande cohérence, on a tendance à se calcifier, c’est pourquoi je m’arrange pour que ma vie personnelle explose régulièrement. Ça me permet de renouveler mon inspiration ! Voilà ce qui m’apparait clairement aujourd’hui.
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À ce point-là ?
Ah bah, oui ! Quand j’ai écrit mon deuxième livre, Nada Exist, je savais que ça allait me coûter une femme, une maison et la très belle voiture que je possédais à l’époque ! L’écriture m’a demandé trois ans. J’avais prévu de tout perdre et j’ai tout perdu ! Et si le deuxième avait été difficile ; le troisième roman, L’Hyper Justine, a été affreux : j’avais une vie personnelle complètement détruite et c’est là qu’a commencé la ronde infernale des livres à écrire très vite pour des raisons financières. J’ai eu le prix de Flore puis le prix Femina, qui m’ont aidé à obtenir des à-valoir, et je vivais sur les à-valoir. Aujourd’hui, j’ai trois livres qui sont déjà prêts ou presque, et je suis obligé de freiner la parution. J’ai commencé tard, donc j’écris beaucoup. [...]
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