Mathieu, toute pensée à propos de tes joues flasques, de tes yeux myopes, de ta voix chevrotante, plaintive, de toute cette sorte de visage un peu penché, est éclaboussée d’une indélébile peinture de vice. Il y a une honte très femelle, comme une envie de se justifier, d’enfouir sa tête sous un coussin, face à la profondeur de la méchanceté que tu inspires. Il y a ce réflexe mâle de t’humilier violemment, d’écraser une solide heure ton nez délicat dans un chemin de forêt boueux, mais on prend peur, on ne sait jusqu’où cette fort légitime défense nous conduira, on s’effraie du sadisme inconnu qui se dresse en nous.

Lire aussi : Terminus pour… Christophe Dechavanne

On dira que tout ça, c’est tout de même beaucoup pour toi. Après tout, qu’es-tu ? Un gauchiste de plus remonté contre son illustre papa, un prof de com’ un peu minable qui tente de justifier à ses propres yeux les quelques centimètres cubes qu’il encombre dans l’univers en passant à la télé, pour défendre je ne sais quel principe-immuable-et-sacré. Tu ajouterais paraît-il à cet ensemble sobre et classique la touche de folie d’être un demi-complotiste, anti-pass sanitaire – comme ce substantif vieillit mal – et pourquoi pas antivax. Si tu savais à quel point je me bats tout ce qu’il y a à se battre du petit essai appliqué qui t’a fait connaître sur les liquides que notre comique-troupier de président nous a répandus dans les veines, tu lancerais sûrement une pétition.

Tu ajouterais paraît-il à cet ensemble sobre et classique la touche de folie d’être un demi-complotiste, anti-pass sanitaire – comme ce substantif vieillit mal – et pourquoi pas antivax.

Non, ce n’est évidemment qu’en tant que représentant le plus avancé du déclin de l’intelligence française, que phase terminale de l’avilissement de l’homme européen que nous te consacrons un peu de temps de plume. Tu as poussé, en corps et en esprit, la faiblesse dans ses derniers retranchements, tu es la forme de vie carbonée la moins virile de la galaxie, voire de l’amas de la Vierge. Ces derniers mois, tes tweets et chroniques au fil de l’actualité ont révélé une fascinante inversion de la pensée

Prenons l’exemple assez récent de la démographie. « Le corps des femmes n’est pas là pour être au service du PIB » chouines-tu sur X, après les déclarations vaguement natalistes du président. Ma chère petite, l’existence ne se résume pas aux individus et à leurs douillets droits, le collectif est une donnée majeure de l’histoire, et une civilisation sans fils s’est toujours éteinte. Depuis aussi longtemps qu’il y a des cités, les hommes font donc la guerre et les femmes des enfants. Sur le sport aussi, tu nous en fais une belle. On se souvient tous de ce curieux message du président en janvier, devant un sac de frappe sans une trace de transpiration, les gants flambant neufs accrochés autour du cou, le désordre des cheveux savamment calculé, pour se féliciter de sa politique sportive dans la perspective des JO. Pour toi, cette tentative risible d’évocation de la boxe est l’antichambre du fascisme, parce que le noble art a un imaginaire trop « viriliste » et que Manu aurait pu choisir « un sport aux valeurs plus altruistes, moins conflictuelles ».

Ma chère petite, l’existence ne se résume pas aux individus et à leurs douillets droits, le collectif est une donnée majeure de l’histoire, et une civilisation sans fils s’est toujours éteinte.

Chaton, le sport cherche la victoire. Il est agonistique par nature, pour parler comme le sociologue que tu rêves d’être – au passage, tu passes ton temps à distribuer sur les plateaux une vulgate bourdieusienne, alors que le premier des conseils de Bourdieu aux intellectuels est de boycotter la télévision – donc parler de sport altruiste constitue une contradiction dans les termes. Mais on a bien compris que c’est la violence de la boxe qui te perturbe, parce que pour toi, la violence ne devrait pas exister. Seulement nous vivons dans un univers de force en physique, donc de violence en biologie, et les hommes sont des animaux et aucune de tes petites diatribes excédées n’y changera rien. La civilisation, ce n’est pas se débarrasser de la force car c’est impossible – et toute tentative dans ce sens conduit à un terrible retour du refoulé – mais la canaliser, l’orienter vers des buts nobles. Comme celui d’un affrontement loyal et réglementé, c’est-à-dire ce qui se passe dans un ring.

Lire aussi : Terminus pour… Guillaume Meurice

Ah Mathieu, socialiste libertaire qui ignore tout du monde comme la gauche depuis deux cents ans ! Sache que le monde n’a malheureusement que faire de ton angélisme cacochyme et qu’il te tyranniserait sans la force d’hommes de race prêts à donner leur vie pour sauver la tienne. Car, eux, c’est la civilisation, c’est tout ce que tu hais mais sans quoi tu n’aurais plus de bouche pour haïr.