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The Boys et l’effrayante Amérique

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Publié le

5 août 2019

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« L’Amérique est une terre de contrastes », entend-on souvent. Cliché, oui. Mais un cliché qui a la peau dure. Alors que les massacres s’enchainent, les auteurs ayant toujours des profils comparables, de jeunes hommes en colère, la classe politique étatsunienne se renvoie la balle sans pouvoir tirer de leçons de ces drames devenus aussi habituels que la présaison de NFL dans les inconscients. Et si on regardait du côté de la production pop-culturelle pour capter quelques signaux faibles sur ce pays manifestement malade de sa violence ?

 

Bande-dessinée créée par Garth Ennis, The Boys narre l’histoire d’un monde où les super-héros seraient d’infâmes salopards narcissiques et assoiffés de gloire, dont les pouvoirs surnaturels les feraient se penser les nouveaux dieux d’une société obnubilée par l’argent et hypocrite. Cela ne vous rappelle rien ? Des protagonistes de The Boys au star-system actuel, il n’y a en – en effet – qu’un tout petit pas. Œuvre majeure sur l’indécence commune, The Boys ne traite pas beaucoup mieux les hommes non augmentés que les super-héros du groupe des Sept. Pour Stan Lee, de grands pouvoirs impliquaient de grandes responsabilités. Une vision du monde positive très sixties. À l’inverse, pour Garth Ennis, le pouvoir ne peut que corrompre. Après tout, il est assez réaliste de penser que des être humains moyens du XXIème siècle se comporteraient de la plus ignoble des manières s’ils avaient le pouvoir de détruire une ville en un battement de cils et n ‘étaient retenus que par leurs financiers et les charmes de la vie de vedette – orgies comprises -.

La Californie en est le symbole le plus frappant, où les « state prisons » et leurs gangs ethniques côtoient le progressisme le plus échevelé et où le nombre d’acteurs rêvant de célébrités doit être équivalent aux membres de gangs et aux clochards.

Dans The Boys, Ennis montre aussi des hommes du commun en lutte contre ces dieux d’un nouveau genre, obligés d’être impitoyables pour venir à bout de ces intouchables oppresseurs. Un sous-texte social évident qui laisse dubitatif quant au média qui a décidé d’adapter un tel brûlot : Amazon. L’œuvre est d’ailleurs peu édulcorée pour son passage filmique sur la plateforme de l’homme le plus riche du monde, Jeff Bezos. On y retrouve les éléments essentiels qui faisaient le sel de la bande-dessinée, The Boys étant bien mieux réussie que l’adaptation de Preacher du même auteur, autre création irrévérencieuse dépeignant les travers du monde occidental contemporain. Un paradoxe qui ne manque pas d’étonner. Un de ces paradoxes dont l’Amérique a le secret. Car, The Boys est une critique dure et crédible du système, une fable sur notre monde.

 

Lire aussi : Meurtres de masse aux États-Unis : le reflet morbide de nos sociétés ?

 

Un peu comme le très putassier et kitsch univers partagé des « American Nightmare », dans lequel les « nouveaux pères fondateurs » ont décidé que les Etats-Unis seraient pacifiés grâce à une nuit de purge où presque tous les crimes seraient permis. Bête et méchante, la série des American Nightmare n’en dit pas moins bien des choses sur une société qui s’abîme dans la violence ou la consommation massive de drogues légales et illégales, tout en affichant aux yeux du monde un visage rayonnant et plein de santé. La Californie en est le symbole le plus frappant, où les « state prisons » et leurs gangs ethniques côtoient le progressisme le plus échevelé et où le nombre d’acteurs rêvant de célébrités doit être équivalent aux membres de gangs et aux clochards.

Les premiers accusent le tireur d’El Paso d’être un émule de Trump, un suprémaciste blanc. C’est partiellement vrai. Il y a, du reste, une résurgence d’un terrorisme blanc dans le monde anglo-saxon.

Au lieu de comprendre pourquoi les tireurs d’El Paso et de Dayton ont choisi – comme tant d’autres avant eux ces dernières années – d’assassiner des innocents, les commentateurs américains préfèrent se renvoyer la balle. Les premiers accusent le tireur d’El Paso d’être un émule de Trump, un suprémaciste blanc. C’est partiellement vrai. Il y a, du reste, une résurgence d’un terrorisme blanc dans le monde anglo-saxon. Les autres accusent, tweets vérifiés à l’appui, le tireur de Dayon Ohio d’être un « socialiste » déclaré soutenant les antifas. C’est aussi probablement vrai, et ce ne serait pas la première fois au cours des derniers mois. La vraie question est celle de la radicalisation totale d’une jeunesse déjà profondément malade, ne trouvant d’échappatoire que dans les comportements les plus extrêmes.

 

Au fond, c’est le monde de The Boys qui déchaîne cette violence tout à fait spécifique à la première puissance mondiale. Un monde impitoyable et … d’une grande hypocrisie.

 

 

Gabriel Robin

 

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