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L’idée de l’union des droites refait surface, poussée par l’énergie du désespoir. Elle fera certainement couler beaucoup d’encre sans pour autant donner à ses promoteurs l’assurance de gagner les élections. Si les droites veulent un jour gouverner la France, il leur faut conquérir ce droit auprès de la majorité silencieuse qui, pour le moment, ne leur reconnaît aucune légitimité. Or, la légitimité ne s’obtient pas en faisant de l’arithmétique électoral, elle se conquiert sur le terrain des idées et des émotions.
Les Français ont tourné la page…de la France
Des mentalités nouvelles ont pris place. Les cœurs et les esprits sont hors de portée de l’univers mental de la droite. La société accepte l’idée que le monde d’avant doit disparaître parce qu’il était injuste (avec les femmes avec les enfants, avec les LGBT). Il doit mourir parce qu’il était monochrome et sans nuances : sans Diversité devrais-je dire pour être sûr d’être compris.
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Au plus profond des êtres, s’est infiltrée l’idée que la religion et l’église ont fait beaucoup de mal par le passé, que le nationalisme a causé la guerre et la désolation, qu’une partie de la richesse de la France provient du pillage de l’Afrique, que la violence est mauvaise surtout si elle est pratiquée par la France alors qu’elle est justifiable si elle porte la signature d’autrui, que la libre circulation des personnes est un droit de l’homme comme un autre.
Ces mentalités contribuent à façonner le seul monde possible à défaut du meilleur des mondes. Elles organisent la capitulation face à deux croyances magiques qui agissent comme des forces quasi-divines : la globalisation réputée « inévitable » et le toujours-plus technologique. La première entretient l’illusion d’un monde « gentil » et utilitaire (celui du programme Erasmus et des weekends à Dubaï). Le second fait croire à la supériorité incontestée de l’Occident alors qu’il ne fait plus d’enfants et n’a plus envie de les voir mourir pour défendre ses causes, même les plus justes. Pour le dire autrement, nous sommes sortis de l’histoire, le sourire aux lèvres et la conscience tranquille.
C’est ainsi que nous marchons à pas forcé vers une société multiculturelle c’est-à-dire le modèle politique et civilisationnel du Liban, de l’ancienne Yougoslavie et de la Syrie. Des réussites enviables du vivre-ensemble…
L’épisode des Gilets Jaunes en a fourni une preuve éclatante. Les gens sont descendus dans la rue à cause d’un problème de pouvoir d’achat, rien de plus. Personne ne s’est révolté à cause de la ségrégation territoriale qui a transformé les cités en « zones interdites » et les centres-villes en ghetto de riches. Les gens se font éborgnés pour le prix du diesel et non pour la défense de leur civilisation.
Ni conservateurs ni populistes
Dans ces conditions, la plus grande erreur que pourraient commettre les leaders de la droite serait de se définir comme conservateurs. Vouloir préserver l’héritage commun est le meilleur moyen de se rendre inaudible puisque le consensus admet que cet héritage est mauvais. Les gens veulent bien préserver l’écosystème mais pas les modes de vie ni le peuple qui les incarnent. Les Français admettent que le monde de leurs parents et que les paysages et les saveurs de leur enfance vont céder la place à autre chose. Le rôle de la droite est d’avoir un mot à dire dans la définition de cette « autre chose ».
Les Français admettent que le monde de leurs parents et que les paysages et les saveurs de leur enfance vont céder la place à autre chose.
Le populisme « pur jus » n’est pas non plus la solution. Tous ont à l’esprit le succès éclatant de La Ligue du Nord. Or, le peuple français est très différent de son homologue italien. Il a été « domestiqué » par des années d’exposition à un pouvoir jacobin qui a façonné des individus isolés, bien disciplinés et soumis. La civilisation des mœurs est une belle réussite française puisqu’elle a installé un plafond de verre dans la psychologie individuelle, interdisant certaines pensées et certains discours.
Je n’ai pas l’impression que les Italiens aient fait l’objet du même conditionnement. Cela est certainement dû au fait que le pouvoir en Italie est distribué entre plusieurs acteurs concurrents : Rome, les communes, les régions, l’Eglise, la mafia et les lobbies. Cet enchevêtrement de contre-pouvoirs donne à l’Italie son côté exaspérant mais prémunit les Italiens contre toute prise en main par une idéologie monolithique imposée d’en haut. A l’inverse en France, il a suffi à la gauche morale de prendre le contrôle de l’Education Nationale et de l’audiovisuel public pour mettre en œuvre le politiquement correct au cœur des mentalités françaises.
Il est impossible d’accéder à l’Elysée en promettant de conserver la France sous cellophane ni en souhaitant renverser la table à la manière d’un Salvini ou d’un Trump.
Construire le Nouveau Monde
Un véritable projet de droite doit embrasser la diversité raciale et confessionnelle de la France. Jusqu’à quand la droite ira-t-elle tourner le dos à l’électorat musulman ? Il s’offre depuis toujours à une gauche qui ne cesse de le trahir sur le terrain des valeurs. Demain il votera pour les partis musulmans qui sont la prochaine étape du communautarisme.
Il est grand temps que la droite parle aux musulmans français, pas aux BAC+12 qu’elle aime côtoyer mais aux personnes simples qui préfèrent parler des choses sérieuses en langue arabe et qui ne cultivent aucune nostalgie pour la « France éternelle ». Ce sont eux qui décideront le sort de la bataille que les Frères Musulmans ont déclaré à la laïcité.
Au multiculturalisme, il faut répondre par les mariages mixtes c’est-à-dire le métissage car la seule intégration qui vaille est celle qui passe par le lit et la table.
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L’immigration va continuer tant que ses véritables causes ne sont pas adressées. Les gens fuient la mauvaise gouvernance, c’est pour cela que les migrants d’aujourd’hui sont souvent des diplômés du supérieur. Ils se retirent de pays où la corruption coupe les ailes aux entrepreneurs sérieux et innovants. Ils savent très bien que leurs compétences ne valent rien dans un contexte gouverné par le népotisme et le clientélisme ethnique, clanique ou familial.
A l’Afrique et au Moyen Orient, il faut proposer un nouveau partenariat qui doit être révolutionnaire. Si les populations du sud veulent aller au nord alors il faudrait aussi que les élites du sud acceptent de faire leur agiornamento. Des quotas d’immigrés contre des réformes de la gouvernance. Des visas contre la moralisation du climat des affaires.
Quoi qu’elle fasse, la France sera accusée de néo-colonialisme : autant être vilipendée en défendant ses intérêts et ceux de la jeunesse africaine et arabe.
Notre époque a une seule passion : détruire l’ordre ancien sans vraiment savoir ce qui adviendra ensuite. C’est un projet suicidaire mais telle est la vocation de notre génération. Elle y dédie toute l’énergie qui lui reste. Le rôle de la droite est de détourner cette mauvaise passion, non l’annuler car elle n’y arrivera pas. Utiliser l’immense gisement émotionnel et spirituel de cette société qui se hait elle-même pour construire un Nouveau Monde. Le naufrage est non négociable, l’essentiel est de sauver les trésors transportés en soute et poser pied en terre ferme pour tout recommencer.
On ne peut pas gagner les élections sans une révolution des idées. La droite n’a pas le choix : la révolution ou la momification !
Driss Ghali
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