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Catholicisme et jeunesse : je t’aime moi non plus

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Publié le

17 juin 2019

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La tragédie de l’incendie de Notre-Dame a provoqué de larges mobilisations de la part d’une certaine communauté catholique. Les visages des hommes et des femmes qui communiaient, à Saint-Sulpice ou sur la place Saint-Michel étaient marqués par leur jeunesse. Ces images interrogent le rapport qu’entretiennent la jeunesse et le christianisme dans un pays largement déchristianisé.  Alors que les uns déplorent le retour du religieux chrétien dans la société, les autres tentent d’en montrer un nouveau visage.

 

 

Le catholicisme au XXIe siècle, un catholicisme sociologique ?

 

Parler des catholiques suggère de déterminer la nature de ce groupe. Il peut y avoir deux prismes d’analyse : un prisme marxiste et considérer les catholiques en termes de classe sociale ou bien de les déterminer comme un groupe ayant une essence, celle-ci étant définie par l’ensemble des individus ayant été touché par la foi. Depuis le XIXe siècle, les catholiques forment un groupe politique entre admirateurs de Chateaubriand et « parti des pleureuses ». Ce groupe politique a longtemps été dominé par la classe bourgeoise. Le catholicisme est de facto depuis le XIXe siècle le fait de la bourgeoisie. Plus la société se déchristianisait, plus la bourgeoisie faisait du christianisme un critère essentiel d’appartenance à son groupe social. Il y a donc une idéologie qui tend à défendre la bourgeoisie et un patrimoine.

L’Église se meurt, la France chrétienne également, mais le spectacle doit continuer, « the show must go on ».

Le catholicisme se politise de plus en plus jusqu’aux années 1960 où après le Concile Vatican II, apparaissent des catholiques plus attachés aux rites qu’aux convictions personnelles de chacun. L’Église se meurt, la France chrétienne également, mais le spectacle doit continuer, « the show must go on ». Le catholicisme devient dès lors une idéologie au service non pas de la bourgeoisie internationalisante de mai 68, celle qui sera appelée à occuper des postes à responsabilité au niveau mondial, mais celle d’une petite bourgeoisie provinciale qui a gardé au plus profond d’elle la frustration de ne pas avoir une particule devant son nom de famille.

Les années soixante ont également vu naître les catholiques réformistes qui entendaient réintroduire l’Église dans la société en adaptant ses codes pour la meilleure compréhension de tous du message divin. Ces deux franges de catholiques français se critiquent incessamment s’accusant mutuellement l’une l’autre de détruire la foi alors que la seule chose capable de les réunir c’est le Puy du fou, en d’autres termes : un parc d’attraction.

 

 Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon : Frère humain qui avec nous

 

Ce tableau peu reluisant de l’état général du catholicisme en France cache cependant des dynamiques invisibles du grand public, qui sont susceptibles de changer la face de l’Église catholique apostolique et romaine dans la société française.

 

Une jeunesse pour deux catholicismes, un catholicisme pour deux jeunesses ?

 

Le catholicisme, c’est l’universel. Cette idée suppose que la salvation des âmes et des corps est universelle. Pour ce faire, il est indispensable que le message divin soit accessible et compréhensible de tous, dans tous les cadres qu’ils soient sociaux ou culturels. Le catholicisme est donc par définition adaptable, et voués aux différentes interprétations.

 

Ceci permet à la jeunesse catholique de choisir son camp : rejoindre les adeptes d’une tradition plus ancienne, plus mystique – ceux communément appelés de façon péjorative « les tradis » – et les autres communément appelés « catholiques Vatican II ».

De plus en plus, les jeunes adhérents à la foi catholique sont en quête d’une spiritualité forte, que la mystique et la tradition permettent de contenter.

Alors que Vatican II permet aux catholiques la libre adhésion au culte, ce sont les « tradis » qui ont le vent en poupe. De plus en plus, les jeunes adhérents à la foi catholique sont en quête d’une spiritualité forte, que la mystique et la tradition permettent de contenter. Le « N’ayez pas peur » de Jean-Paul II repris par Benoît XVI a contribué à l’affirmation des catholiques dans la société française, souvent raillés et moqués, face aux sujets d’actualité tels que le mariage pour tous, la PMA, la GPA et autres sujets de bioéthique. Autre tendance, les séminaires non-diocésains (tradis), recrutent en proportion plus que les séminaires diocésains.

 

Lire aussi : Monseigneur Ginoux : « Beaucoup de catholiques aiment choisir leurs pauvres »

 

Sociologiquement, les « tradis » ne sont pas aujourd’hui que les enfants d’une bourgeoisie en quête d’ascension sociale. Il reste des individus touchés par la grâce divine, sans que leur foi soit un héritage transmis par la famille. Le retour à la tradition et le contre-modèle de société proposés par les « tradis » plaît à une jeunesse qui se croit privée d’alternatives.

 

En France, il existe également une jeunesse catholique dite « de gauche », c’est cette jeunesse qui hérite de la foi familiale mais tente de l’adapter au temps. Ce faisant, ils érigent en maximes politiques les concepts moraux du christianisme. Ils tentent de rendre le catholicisme « cool » en jouant de la guitare et du tam-tam. Cependant, le catholicisme n’a pas vocation à être « cool » comme n’importe quelle religion, mais de répondre à des questions existentielles et de sauver les âmes. De plus, généralement enfermés dans une condition sociale, leur notion du « cool » les rend ridicules aux yeux des autres jeunes, des profanes qui malgré tout gardent parfois un peu de leur bon sens populaire.

 

Les jeunes contre le catholicisme ?

 

Traiter de la relation des jeunes aux catholicismes suggère également de traiter la question des jeunes non catholiques.

 

 Lire aussi : Guillaume de Prémare : « La nouvelle question sociale exige de nouvelles pratiques politiques et sociales du catholicisme »

 

Les facultés françaises sont truffées d’associations politiques moralistes de gauche, antifascistes ou autres intersectionnels. Ces associations bruyantes et vindicatives au possible ne cessent de vouloir faire taire les cathos et de tuer Dieu au motif que la religion « est l’opium du peuple ». Il y a une jeunesse héritière des « bouffeurs de curés » du XIXe, qui se revendique du progrès et de la modernité : joli paradoxe. Cependant, peut-être cette jeunesse oublie-t-elle de faire son introspection. Au fond, anthropologiquement, les jeunes catholiques et les jeunes anarcho-marxistes n’attendent qu’un évènement, l’arrivée au paradis. Seulement, les uns l’attendent après la vie tandis que les autres le souhaitent hic et nunc.

Au fond, anthropologiquement, les jeunes catholiques et les jeunes anarcho-marxistes n’attendent qu’un évènement, l’arrivée au paradis.

La relation entre la jeunesse et le catholicisme demeure ambigüe et tend à changer de dynamique vers un regain de foi dans une forme plus traditionnelle et mystique. Cependant cette tendance reste faible dans un pays où seuls 46% des jeunes croient en Dieu, où les églises sont les lieux de cultes les plus attaqués pour la religion la plus persécutée du Monde.

 

Marc Le Blévenec

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