« C’est pas cher, c’est l’État qui paye », disait l’autre. Et Valérie Pécresse l’a pris au pied de la lettre ! La candidate à la primaire des Républicains a dévoilé ce mercredi 22 septembre les trente-deux orateurs de sa campagne. Certes, la liste compte quelques noms familiers de députés, sénateurs et conseillers régionaux, qui représentent toutes les régions françaises et respectent la parité homme/femme. La présidente de région a semble-t-il cherché à élargir le plus largement son spectre politique, qui démarre au centre avec Charles de Courson (Les Centristes) et Jean-Philippe Dugoin-Clément (UDI) et s’étend jusqu’à la droite conservatrice avec le député de la Manche Philippe Gosselin, catholique pratiquant connu pour ses prises de position contre le mariage pour tous, la théorie du genre et l’euthanasie.
L’un des orateurs annoncés mérite cependant une attention particulière : Paul Bérard, présenté comme vice-président de l’intercommunalité Pays de Grignan, mais qui est surtout… directeur général adjoint de la région Île-de-France, en charge des finances ! En clair, madame Pécresse compte faire campagne avec l’argent public – car Paul Bérard ne s’est pas, semble-t-il, mis en disponibilité. Valérie Pécresse a alors beau jeu de dire qu’« Emmanuel Macron est en train de cramer la caisse », car si effectivement le président fait campagne avec l’argent public (en témoignent ses annonces à Marseille, ou le budget 2022 actuellement en discussion), elle va, à son petit niveau, en faire de même.
Diplômé de Sciences Po puis énarque, Paul Bérard a passé cinq années au ministère de l’Économie puis trois autres à la Cour des comptes, avant d’obtenir un poste de DGA à la Région Île-de-France. Parallèlement, il est élu local dans la commune Montségur-sur-Lauzon. Il a d’ores et déjà annoncé qu’il briguerait la 3e circonscription de la Drôme en 2022.
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Cette collusion entre emploi public et utilisation politique n’est pas sans rappeler l’affaire qui avait secoué la région l’an dernier. Le siège de la région avait été perquisitionné dans le cadre d’une enquête pour détournement de fond public. « Ils ont perquisitionné le bureau de la présidente et de ses collaborateurs les plus proches comme le directeur général des services », avait déclaré une source interne à la collectivité au Parisien. Dans un rapport, la chambre régionale des comptes avait signalé les contrats de collaborateurs chargés de mission : les magistrats considéraient que les travaux de ces collaborateurs étaient essentiellement politiques. « Il faut mettre fin au plus vite à ces graves irrégularités », concluait le rapport.