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Depuis quelques jours, les tensions sont devenues maximale entre les États-Unis et la République islamique d’Iran. La mort du général Qassem Soleimani, commandant de la Force Al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique, accusé par Washington d’être un terroriste, a mis le feu aux poudres du Moyen-Orient qui menace de basculer dans une guerre générale. L’opposition iranienne fourbit ses armes, le prétendant au trône du Paon, Reza Shah Pahlavi, se tient prêt à revenir en Iran pour en reprendre les rênes.
« La chute d’un aigle ! Mohammed Reza Pahlavi empereur d’Iran depuis 37 ans a quitté ce matin son pays. Son retour est plus qu’hypothétique » : le 16 janvier 1979, le journaliste Patrick Poivre d’Arvor annonce sur la chaîne de télévision Antenne 2, la chute du régime impérial et l’avènement de la République islamique dirigée par l’Ayatollah Khomeiny. Les manifestations de joies montrent alors un peuple en liesse qui célèbre les jours heureux à venir et brûle les portraits du monarque. Quatre décennies plus tard, l’Iran est de nouveau la proie d’émeutes anti-gouvernementales. Népotisme, corruption, dictature : le régime de Téhéran réprime dans le sang les manifestations qui réclament plus de démocratie. Ironie de l’histoire, c’est le nom du Shah qui est scandé comme signe de ralliement des manifestants qui bravent les interdits. Une famille impériale pointée du doigt par le pouvoir en place comme principal organisateur de la « révolution des œufs » débutée fin décembre 2017.
À 59 ans, le prince Reza Shah Pahlavi multiplie les interviews sur toutes les télévisions du monde. Diplômé des sciences politiques de Californie du Sud, il assume le rôle de prétendant au trône d’Iran depuis la mort de son père depuis 1980. Il est devenu la figure centrale de l’opposition iranienne en exil. « Le temps est venu d’un changement complet de régime », déclare-t-il à i24News. Il peut compter sur de nombreux soutiens au sein de l’administration Trump qui marque de l’intérêt pour le fils de l’ancien Shah.
Il est devenu la figure centrale de l’opposition iranienne en exil.
Et qui réclame que l’Organisation des Nations-Unies traine devant le tribunal les dignitaires du régime iranien, accusés de mettre en place un véritable « génocide ». On parle de plus de 1500 personnes tuées ces dernières semaines.
Hors de question cependant de revenir dans les fourgons de l’étranger. L’ombre de l’opération Ajax plane encore au-dessus de la tête de la maison impériale : le Shah contraint de quitter l’Iran en 1953, la CIA et le MI6 vont conjointement le remettre en place après le renversement du premier ministre Mossadegh. Une opération qui nuira longtemps au régime impérial. Le prince a bien appris du passé : « L‘avenir de l’Iran n’a pas à être décidé par les conseillers de certains dirigeants étrangers, mais par les Iraniens eux-mêmes », martelait-il récemment au magazine Newsweek. Pourtant, le prétendant au trône le sait, pas de retour sans l’aide internationale. Ici, seuls les Américains semblent lui accorder de l’intérêt face à l’Europe, France en tête, qui joue l’autruche dans le seul but de sauver ce qui reste de l’accord sur le nucléaire signé avec Téhéran en 2015. Un accord qui n’a pas eu les retombées économiques pour les Iraniens, victime de l’inflation, et qui avait été largement critiqué en son temps par le fils de Reza Pahlavi et Farah Diba.
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Et derrière les espoirs d’un avenir plus joyeux, des luttes d’influences sur fond de conflit religieux. L’Arabie Saoudite et l’Iran se livrent une guerre larvée au Yémen voisin, en Syrie et pour le contrôle commercial du détroit d’Ormuz. Les Séoud ont reçu le soutien des pétro-monarchies du Bahrein (qu’ils ont sauvé du Printemps arabe de 2011) et du Koweit. Pis, l’Iran finance même une rébellion dans le désert saoudien. Téhéran, étouffé par les sanctions économiques imposées par Washington, accuse d’ailleurs Ryad et l’état d’Israël de financer les activités du prince impérial. Ce que l’intéressé dément alors que les mollahs l’accusent de tous les maux possibles ou menacent de le faire assassiner. Une spécialité du régime islamique.
La carte monarchique est-elle vraiment l’option privilégiée par l’administration Trump ? Ce n’est pas la première fois que les États-Unis flirtent avec ce type d’opposition au sein des pays où elle est intervenue militairement. En Afghanistan ou en Irak, elle a négocié le retour des prétendants au trône, leur promettant un hypothétique couronnement avant de favoriser finalement l’avènement de politiciens qui leur sont entièrement dévoués. Y a-t-il vraiment un regain d’intérêt pour le retour de la monarchie en Iran ? Les vidéos des manifestations distillées sur les réseaux sociaux semblent le confirmer : « Il existe une réelle nostalgie pour la monarchie parce que les gens considèrent qu’ils furent plus heureux sous ce régime que l’actuel », déclare Alireza Nader, fondateur de la New Iran Foundation, un groupe de recherche. « Il y a des signes d’un soutien réel pour les Pahlavi, et le prince pourrait en tirer profit », surenchérit-il au journaliste de Politico.
Y a-t-il vraiment un regain d’intérêt pour le retour de la monarchie en Iran ? Les vidéos des manifestations distillées sur les réseaux sociaux semblent le confirmer.
Pour Reza Shah Pahlavi, nul doute. À Newsweek, il affirme que « la nation a une longue tradition monarchique ». « Ainsi, comme on peut le constater, de nombreux Iraniens s’identifient avec notre histoire et notre culture, ressentent une affinité pour la monarchie », ajoute-t-il avant de s’empresser de rassurer tout un chacun. Une fois rentré dans son pays, il laissera les Iraniens choisir librement leur mode de gouvernement, république laïque ou monarchie constitutionnelle. « Je suis prêt à servir mon pays, quelle que soit la fonction que souhaiterait m’attribuer mes électeurs », affirme-t-il. « Il ya un véritable renouveau du monarchisme en Iran, une adulation des iraniens pour l’ancien régime » qui s’explique par la « présence fédératrice et arbitrale » que joue actuellement le prince héritier, explique Ehsan Abdoh-Tabrizi, chercheur indépendant en histoire, politique et relations internationales.
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Tous derrière Reza Shah II ? Non. Le prince est fortement contesté par l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI), basée à Paris, qui ne cesse d’attaquer le fils de celui qu’elle a longtemps combattu du temps du régime impérial, dénonçant les sévices de sa police, la Savak. Une ancienne organisation classée terroriste qui a également des soutiens au sein de la Maison blanche. Les monarchistes eux-mêmes sont divisés et s’agacent des principes constitutionnalistes de leur poulain qui entend réformer les lois de successions au trône en favorisant la montée sur celui–ci de sa fille aînée, la princesse Noor (27 ans).
Les monarchistes eux-mêmes sont divisés et s’agacent des principes constitutionnalistes de leur poulain.
Le prince a multiplié ces derniers mois les rencontres avec les députés républicains, des groupes de think tank, ou des médias influents comme le très conservateur Breitbart qui font du lobbying en sa faveur. Il est même question qu’il rencontre le « va-t-en-guerre » président Donal Trump. « Il est un peu l’homme du moment, et le moment actuel convient à une figure ambiguë comme lui susceptible de séduire toutes les différentes couches politiques », explique Suzanne Maloney, analyste iranienne à la Brookings Institution. « Si Reza Pahlavi veut être un leader qui rassemble au-delà de son nom, il doit d’abord s’attaquer aux côtés sombres et à la répression de l’ère de son père et de son grand-père », conclut Negar Mortazavi, journaliste et commentateur politique américano-iranien.
Frédéric de Natal
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