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Les vigiles du politiquement correct sont de plus en plus performants. Utilisateurs aguerris des nouvelles technologies, ils scannent vos productions écrites et remontent dans le temps à la recherche d’un écart de langage contrevenant à la doxa contemporaine. Ici, pas de prescription. Toute preuve de trangression passée motivera une condamnation publique. Les gardes du politiquement correct, Toby Young les appelle « des archéologues de l’offense ».
Ce journaliste britannique vient de créer un syndicat de défense de la liberté d’expression, The Free Speech Union. Cri de ralliement : non-conformistes et dissidents de toutes sortes, unissez-vous ! L’initiative vient « en réponse au climat maoïste d’intolérance ». Toute initiative visant à défendre la liberté d’expression est à la fois une bonne nouvelle et le signe d’une époque qui dérape.
Où en est le Free Speech Union (FSU) ?
Il est en ordre de marche depuis début mars. Nous sommes cinq directeurs : l’auteur Douglas Murray, le professeur de théologie d’Oxford Nigel Biggar, la jeune journaliste et femme politique Inaya Folarin Iman, le Dr Radomir Tylecote, chercheur à l’Institute of Economic Affairs, et moi-même. Nous travaillons avec des conseillers juridiques et des spécialistes en relations publiques. Des personnalités de premier plan du monde intellectuel et médiatique ont rejoint notre comité consultatif. Le FSU fonctionne comme un club avec une souscription annuelle. S’ils sont persécutés pour leurs opinions ou menacés de licenciement, le FSU vient au secours de ses membres sur les réseaux sociaux, dans les médias, par la voie de pétitions de soutien, de lettres ouvertes, de courriers à leur employeur et d’une assistance juridique.
S’ils sont persécutés pour leurs opinions ou menacés de licenciement, le FSU vient au secours de ses membres sur les réseaux sociaux.
Les ennemis de la liberté attaquent en meute. Les défenseurs de la liberté doivent s’unir pour se défendre. Le FSU veut agir comme un contre-pouvoir face à la justice expéditive des réseaux sociaux. Enfin, notre département de recherche produira des documents sur la liberté d’expression, nous ferons campagne pour modifier les lois qui y portent atteinte.
Qu’est-ce que la cancel culture (« culture de l’annulation ») ?
Elle consiste à faire disparaître de l’espace public toute personne ayant une opinion qui dévie de l’idéologie dominante. C’est vieux comme le monde, seulement le nombre de victimes augmente de façon exponentielle du fait de la pratique du lynchage sur les réseaux sociaux. Internet permet, à peu de frais, et sans grand effort, de condamner quelqu’un à la mort sociale. Récemment, Alastair Stewart, journaliste sur la chaîne ITV, a dû mettre un terme à une carrière de 40 ans pour avoir cité sur Twitter une phrase de Shakespeare jugée « offensante ».
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Vous-même avez subi une campagne de diffamation en 2018 après avoir été nommé par Theresa May à l’Office for Students (organisme régulateur de l’éducation supérieure au Royaume-Uni, ndlr).
Je suis un conservateur. Le milieu universitaire n’aime pas ça. J’ai subi les pires calomnies au point d’être obligé de démissionner de tous mes postes. Je dirigeais plusieurs écoles, j’étais membre honoraire à l’Université de Buckingham, j’étais parrain d’un centre pour handicapés où vit mon frère. J’ai dû tout abandonner au risque de déshonorer mes proches. Dans ces moments-là, on est très isolé. Les victimes de lynchage endurent une épreuve psychologique terrible.
Les victimes de lynchage endurent une épreuve psychologique terrible.
Le FSU apportera son soutien à ceux dont la réputation est salie et les aidera à laver leur honneur. La calomnie est une menace puissante sur la liberté d’expression. Les gens sont terrifiés et s’auto-censurent ; ils craignent de perdre leur emploi. La situation est encore plus difficile pour les pigistes. Si vous êtes accusé d’homophobie, de sexisme etc, votre employeur préférera se passer de vous, avant la moindre enquête, pour éviter les ennuis. Nous voulons mettre en place une procédure qui protège les freelance.
PEN (Poets, Essayistés, Novelist) est une ONG dédiée à la liberté d’expression. Vous prétendez que PEN est noyautée par la gauche.
En 2015 lorsque PEN a décerné le Prix de la liberté d’expression à Charlie Hebdo, 35 de ses membres se sont opposés à ce choix. Donc PEN ne peut pas se réclamer d’être une organisation de défense de la liberté d’expression.
Site internet : freespeechunion.org
Twitter : @SpeechUnion
Propos recueillis par Sylvie Perez
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