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Pour Valeurs actuelles

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Publié le

30 août 2020

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Valeurs actuelles a représenté la députée LFI Obono en esclave, anneau et chaînes de fer au cou. Scandale immédiat au pays de Voltaire et de Charlie. Mais scandale au nom de quoi ?
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C’est le petit scandale de la semaine, bien utile d’un côté pour des indigénistes qui tenteront de faire oublier les causes de l’ensauvagement du pays tel qu’il apparait enfin crûment aux Français, de Palavas à Bayonne, et de Lyon à Grenoble ; mais bien utile d’un autre côté pour un gouvernement et une présidence qui ont beau jeu de poser en modérateurs généraux des humeurs politique, naviguant à vue entre la droite et la gauche : Valeurs actuelles a représenté la députée LFI Obono en esclave, anneau et chaînes de fer au cou. Scandale immédiat au pays de Voltaire et de Charlie.

Mais scandale au nom de quoi ? Que ladite députée ne goûte guère de se voir ainsi dessinée n’est pas un argument suffisant devant la liberté de la presse et d’expression, que l’on sache, sans quoi Jean-Marie Le Pen serait plus millionnaire qu’il ne l’est.

Les contempteurs de l’article, qui ne semblent d’ailleurs pas l’avoir lu mais seulement vu passer les images – c’est plus simple – s’égarent d’ailleurs à parler de caricature : il s’agit de classiques dessins illustrant avec à propos une oeuvre de fiction, publiée sous un pseudonyme collectif dans un hebdomadaire.

Scandale au nom de quoi ? On dirait qu’il faut rappeler au contemporain que si madame Obono est représentée dans telle posture, cela n’implique pas qu’elle soit devenue réellement une esclave noire de la tribu des Saras au XVIIIe siècle, ni même que l’anonyme l’ait souhaité. De même que Rica et Uzbek n’existent pas vraiment dans Les Lettres persanes, précisons-le aux grands enfants qui nous entourent, et qu’il s’agit d’un moyen artistique d’évoquer une vérité. On appelait ça la littérature naguère, ou au moins un genre littéraire. Mais il paraît que ça devrait être interdit puisque c’est ignoble, infâme, indigne de la République. On se demande ce qui est digne de cette République : un plug anal géant, la justice pour Adama ou l’effacement de nos pages d’histoire ?

Le principal tort de Valeurs actuelles est de s’être excusé

Le texte lui-même, pour qui prend la peine de le lire, n’est en rien insultant pour madame Obono. L’auteur est très certainement opposé à sa vision du monde, mais qui cela surprendrait-il ? ; sa description du mode de vie des Saras paraît assez fidèle – quoiqu’il leur fasse cultiver le manioc, pourtant importé assez tardivement dans la région par le méchant blanc depuis l’Amérique du sud – et la réalité de l’esclavage afro-africain qu’il évoque assez documentée par les historiens. Sa volonté patente de renvoyer la députée indigéniste à ses contradictions, lui rappelant combien elle vit mieux aujourd’hui au milieu des Français qu’elle conspue que dans une Afrique rêvée des siècles antérieurs, colore le texte d’une dimension humoristique réussie. Bref, c’est l’oeuvre d’un moraliste satirique, exercice dans quoi la littérature française est passée maîtresse. Le seul qui pourrait réclamer des excuses en l’occurrence est un ancien Premier ministre, présenté ici en esclavagiste levantin sous le nom de Bal-al-Dur.

Le principal tort de Valeurs actuelles est de s’être excusé, et l’immense tort des hommes politiques de toute obédience est de s’être cru investis d’un pouvoir de police des moeurs littéraires qu’ils ne possèdent pas dans leur République censément neutre. On attend avec impatience la venue d’un nouveau procureur Pinard, qui incarnera allègrement cette époque rabougrie, dont l’horizon métaphysique oscille entre Monarchie de juillet et Second empire. Et la liberté française pourra mettre la clef sous la porte.

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