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David Goodhart : éloge de la main

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Publié le

9 novembre 2020

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Malgré un claquage malheureux rapporté d’une partie de cricket, le britannique David Goodhart nous reçoit chez lui à Hampstead, charmant quartier du Nord de Londres et nous parle de son dernier livre.

En quoi est-ce que La Tête, la main et le cœur prolonge la réflexion engagée dans votre précédent livre, Les Deux clans, où vous identifiez la fracture entre les Partout (Anywheres) et les Quelque-Part (Somewheres) ?

Les deux livres tentent de comprendre l’aliénation politique actuelle. Malgré la crise de 2008, nos sociétés demeurent opulentes, et pourtant une part importante de la population se sent laissée de côté. Mon livre précédent se penchait sur les clivages de valeurs entre les Partout (qui s’épanouissent dans la fluidité de la vie moderne, le changement, l’ouverture au monde, l’autonomie individuelle) et les Quelque-Part (plus enracinés et insécurisés par la mondialisation). Ces clivages ont conduit au Brexit, à l’élection de Trump et au populisme européen. La Tête, la main et le cœur se penche sur la question de l’expansion de l’université. En valorisant les formations intellectuelles au détriment des autres, nous avons créé une « élite cognitive ». Je suis né en 1956. De mon temps, 8 à 10 % des lycéens allaient à l’université, aujourd’hui ce sont 40 à 50 %. Cette inflation du corps étudiant a créé de nouvelles divisions. Quand 15 % des gens de votre âge vont à l’université et pas vous, peu importe, mais quand ils sont 50 %, l’effet psychologique est tout autre.

L’ouverture de l’université au grand nombre détériorerait le processus démocratique. Pourquoi ?

Je fais référence aux travaux du néerlandais Mark Bovens. Son livre Diploma Democracy regorge de chiffres fascinants qui montrent combien la politique est devenue le monopole des diplômés. Ils gouvernent selon leurs valeurs et leurs intérêts. Suffisamment nombreux, ils n’ont plus à se soucier de satisfaire les non-diplômés, lesquels ne se sentent plus représentés. L’utilisation du jargon politiquement correct au sommet de l’État élargit encore le fossé. La décision de Tony Blair d’envoyer 50 % des lycéens à l’université était absurde. Elle montre combien les politiciens sont déconnectés de la réalité. Convaincus d’œuvrer au bien commun, ils ne réfléchissent pas aux conséquences de leurs grands projets. [...]

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