Affiche peu attendue, le dernier match au Parc des Princes de la première phase de la Ligue des champions devait opposer le grand PSG au modeste club stambouliote de Basaksehir, directement lié au pouvoir exécutif turc. En effet l’Istanbul Basaksehir est le club préféré du président Recep Tayyip Erdogan, proche de l’actuel président du club Goksel Gumusdag qui dirigeait auparavant la fédération turque de football. Un club bien en cour au cœur d’un pouvoir à la dérive autoritaire, ne manquant jamais une occasion d’attaquer la France et l’Occident par des déclarations tapageuses témoignant d’une fuite en avant censée masquer le déclin économique turc auprès d’une population probablement plus consciente de ces difficultés que la diaspora turque présente en Europe. Mais passons, ce qui nous intéresse aujourd’hui est tout autre. Mardi 8 décembre, quelques minutes après le début de cette rencontre footballistique, un incident majeur a éclaté conduisant à l’interruption du match et à son report mercredi 9 décembre.
Sebastian Coltescu n’a fait que montrer un homme noir au milieu d’hommes blancs, comme il aurait pu montrer une casquette rouge au milieu de plusieurs casquettes vertes, par commodité. Maladroit ?
Dans ce stade vidé de ses supporters, le quatrième arbitre roumain Sebastian Coltescu aurait été entendu prononcer le terme « négro » pour désigner l’entraîneur adjoint du club turc, l’ancien international camerounais Pierre-Achille Webo. Ce dernier, énervé depuis le début de la rencontre, venait d’être expulsé pour son mauvais comportement par l’arbitre principal Ovidiu Hategan. Persuadés que l’infortuné Sebastian Coltescu s’était rendu coupable d’une injure raciste, Pierre-Achille Webo et plusieurs joueurs ont alors décidé d’arrêter le match. De fait, comme l’a courageusement expliqué Didier Roustan le soir même sur la chaîne L’Equipe, Coltescu avait maladroitement montré Pierre-Achille Webo en utilisant le terme roumain « negru » qui signifie dans cette langue latine « noir », comme le « negro » espagnol. Roustan, qu’on ne peut pas soupçonner de racisme, lui homme de gauche et universaliste revendiqué aux origines afro-antillaises, n’y a pas vu de racisme mais une maladresse.
Il fut, ce soir-là, l’un des rares journalistes raisonnables. Il le paya cher, insulté sur les réseaux sociaux, vilipendé par la foule vengeresse traquant le moindre soupçon de racisme comme autrefois on pourchassait les bougres et les sorciers. Sebastian Coltescu n’a fait que montrer un homme noir au milieu d’hommes blancs, comme il aurait pu montrer une casquette rouge au milieu de plusieurs casquettes vertes, par commodité. Maladroit ? Sûrement. On peut d’ailleurs comprendre la réaction initiale de monsieur Webo, mais pas l’hystérie qui a suivi et encore moins la réaction moutonnière de l’ensemble des médias internationaux et d’une partie de la classe politique qui a participé à cette irresponsable cabale lancée par cette société irrespirable qui est la nôtre.
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Les donneurs de leçons millionnaires en shorts ont ceci d’agaçant qu’ils ne sont pas non plus exempts de reproches. Parmi les joueurs les plus virulents figuraient ainsi l’infect Neymar qui a récemment accusé à tort de racisme le joueur marseillais Alvaro ou Demba Ba qui pointait du doigt sur Twitter l’ignominie « du blanc », sans manquer d’apporter son soutien au pacifique Erdogan, à la noble cause du CCIF ou au prude Tariq Ramadan. De quoi faire dire à la rédactrice en chef des pages sports de Konbini Lucie Bacon qu’elle préférait « avoir tort avec Demba Ba que raison avec Fdesouche », puisqu’elle n’avait de toute façon pas le « temps d’enquêter ». Un blanc accusé de racisme se retrouvera de toutes les manières dans la même position qu’un homme accusé de viol, ne bénéficiant pas de la traditionnelle procédure inquisitoire ayant cours en droit pénal français. Il ne faudra pas faire la preuve de sa culpabilité : il est coupable par essence, par sa génétique, par son histoire. Il est coupable parce que les hommes blancs sont mauvais, méchants, privilégiés quoi qu’ils puissent en dire. Cela vaudra pour le fils de famille patricienne new-yorkaise comme pour le Roumain pauvre ou l’orphelin de Kiev.
Ils sont par leur couleur de peau les aristocrates de la Révolution française. On leur contestera d’abord leurs privilèges avant de les décapiter s’ils refusent de les céder à d’autres. Dans ce monde, les injonctions contradictoires sont permanentes. Il vous sera demandé d’être insensible à la couleur de peau des autres, tout en reconnaissant que votre blancheur est un avantage indu ! C’est ce qu’explique en substance Patrick Simon sur le site d’Attac : « La question posée à l’antiracisme est simple, mais les réponses sont conflictuelles : peut-on dé-racialiser nos sociétés sans prendre en compte la race ? » Un peu trop complexe pour le brave Lionel Charbonnier, lui aussi traité de tous les noms par la presse « woke » pour avoir simplement voulu dire « une petite connerie » comme son compère gardien de but Fabien Barthez : « Moi en Afrique on m’a traité d’homme blanc et ça n’a jamais été un propos raciste »
Lionel Charbonnier a été lui aussi traité de tous les noms par la presse « woke » pour avoir simplement dit « Moi en Afrique on m’a traité d’homme blanc et ça n’a jamais été un propos raciste »
Eh oui, les Africains sont un peu moins stupides que les Occidentaux de toutes les couleurs. Ils disent ce qu’ils voient. Nous devons voir sans dire. La question raciale est permanente, obsédante, sans qu’on ne puisse jamais l’aborder frontalement. Il faut « en même temps » en faire l’alpha et l’oméga de l’Occident nouveau et la nier. Le métissage doit nous régénérer mais les races n’existent pas. C’est schizophrénique, délirant. Avant le match rejoué, les joueurs des deux clubs on posé le genou à terre, s’inspirant des sportifs américains.
Ils sont encouragés en ce sens par des responsables politiques inconscients, à l’image de Roxana Maracineanu qui saluait la « symbolique forte des joueurs quittant la pelouse » sans vraiment savoir ce qui s’était passé le soir du match. Un excès de naïveté qui tranche avec le cynisme total d’Erdogan, désormais figure de proue des social justice warriors du monde entier. Une sinistre blague qui n’est malheureusement pas prête de s’arrêter quand on voit que le Time consacre une de ses unes à Assa Traoré… Préparez-vous à la révolution culturelle : toujours plus loin dans la haine, l’hystérie et la bêtise.