Invitée sur France Info ce jeudi et questionnée sur la polémique du stade munichois aux couleurs LGBT, Valérie Pécresse s’en est pris à la politique de Viktor Orban : « Aujourd’hui, ce que fait monsieur Orban vis-à-vis des Hongrois homosexuels est inacceptable ». C’est que la présidente sortante de la région Île-de-France, arrivée largement en tête au premier tour avec près de 36%, a depuis quelques temps fait sa mue sur les questions sociétales, passant du conservatisme au progressisme comme l’on change de chaussettes.
Députée UMP, elle flirtait avec le droite conservatrice pour profiter de la vague Manif pour tous : elle votait contre la loi Taubira et proposait même de « démarier » les couples homosexuels. En novembre 2014, elle change d’avis sur le mariage pour tous après « avoir réfléchi ». Mais un an plus tard, elle se rend tout de même à la Manif pour tous, avec d’autres cadres du parti tels Xavier Bertrand ou Laurent Wauquiez, qui eux réclament l’abrogation de la loi. En 2015, elle réunit la frange conservatrice de la droite proche de Sens Commun, et six personnalités opposées à la loi Taubira figurent sur les listes de la candidate aux régionales. Elle nomme Caroline Carmantrand, une anti-mariage gay, à la présidence de la commission famille et action sociale du conseil régional. « On ne subventionnera pas la théorie du genre » promet-elle encore, lors d’un rassemblement de la Manif pour tous.
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Pourtant, depuis qu’elle a quitté le parti LR pour fonder Soyons Libres, Valérie Pécresse a mis en place une politique bien éloignée de ce qu’elle avait annoncé. Elle participe activement à la promotion de l’idéologie libertaire et LGBT (le tout en écriture inclusive, cela va de soi).
Le Crips pour promouvoir la libération sexuelle
Connaissez-vous le Crips ? « Acteur reconnu de la prévention et de la promotion de la santé sur le territoire francilien », il est financé par la région. L’association fait la promotion sur son site d’activités pédagogiques visant à « discuter avec les jeunes de 13 à 25 ans de leurs pratiques et de leurs plaisirs sexuels ». Lorsqu’elle intervient dans les établissements scolaires, les enfants doivent, à travers des jeux, « développer un esprit critique sur les normes sociales sur le genre et les sexualités et comprendre la notion de stéréotype en lien avec le genre et l’orientation sexuelle ». Mais cela va plus loin encore puisque l’association propose des activités aux enfants afin de les familiariser à toutes les pratiques sexuelles, notamment avec le jeu Milkshake de plaisir (anciennement Cocktail, mais sûrement ont-ils jugé que ce nom faisait la promotion de l’alcool – car l’on peut promouvoir l’idéologie LGBT, mais pas l’alcool) qui propose aux enfants de reconstituer dans l’ordre chronologique les différentes étapes d’un rapport sexuel. Disponibles en libre téléchargement, les cartes décrivent sans pudibonderie les divers stimuli sexuels. Objectif : « Ce jeu propose aux participant·e·s de réfléchir aux normes liées au rapport sexuel et d’aborder la question de la négociation du préservatif et du consentement ». Le consentement serait donc possible pour un enfant de 13 ans ? La région Île-de-France répond oui, alors que l’affaire Duhamel a récemment mis au grand jour les problèmes liés à la pédophilie et nécessité une nouvelle législation. D’autres jeux vont dans le même sens : la Boîte magique, le Manège enchanté et la Rosine proposent de s’entraîner à la pose de préservatif.
Budget du Crips en 2019 : 4,4 millions d’euros dont les deux-tiers sont financés par le Conseil régional (3 millions d’euros de subvention)
Le jeu « Qui est-ce ? » fait la promotion de l’idéologie LGBT en déconstruisant les genres pour promouvoir l’indifférenciation. « Je vais vous lire un profil et vous devrez éliminer les personnages qui ne correspondent pas aux éléments descriptifs que je vous donne. A vous de trouver le personnage correspondant ». Seulement voilà : le jeu est construit de sorte qu’il est impossible déterminer si le personnage recherché est un homme ou une femme. S’il ne vous en reste qu’un à la fin, c’est que vous êtes fautif. En clair, le jeu doit permettre de débusquer tous les stéréotypes sexuels (sexisme, homophobie, sérophobie), et de déconstruire les stéréotypes de genre.
Budget du Crips en 2019 : 4,4 millions d’euros dont les deux-tiers sont financés par le Conseil régional (3 millions d’euros de subvention). Cette association aurait 100 000 bénéficiaires directs en Île-de-France dont plus de 70 000 lycéens, apprentis et collégiens dans plus de 200 établissements scolaires publics et privés. Le Crips est aussi sollicité pour intervenir dans des écoles primaires, à travers le projet « Feel Good » visant à développer « les compétences psychosociales des enfants en école élémentaire » par des « activités ludiques permettant aux enfants de mieux appréhender les émotions, mieux communiquer, identifier ses forces de caractère, résoudre des problèmes et bien d’autres thématiques ! ».
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Toutes les propagandes à destination de la jeunesse sont systématiquement justifiées par la question du sida. Au titre de la prévention, cette association est devenue le « bras armé de la région » d’après les mots de Valérie Pécresse. En réalité, la principale préoccupation de ces animateurs militants est bien éloignée de la santé des enfants : ils s’attachent à promouvoir les idéologies les plus libertaires qui soient. Sur la chaîne YouTube de l’association (dont les vidéos dépassent rarement les 100 vues, fort heureusement), on s’interroge sur les pratiques sexuelles comme sur la légalisation du cannabis. Dans une vidéo sur l’orgasme, l’idéologie LGBT est prégnante : ils parlent de « personnes à vulve » pour ne pas dire femme et de « personnes à pénis » pour ne pas dire homme. Une autre sur la contraception banalise l’avortement (« l’IVG ne rend pas du tout stérile, il n’y a aucun risque, on peut pratiquer un ou plusieurs IVG il n’y a vraiment aucun soucis »). Une autre encore sur l’intersexualité, propose de « déconstruire l’hétérosexualité » pour promouvoir encore l’idéologie LGBT. Une dernière traite de la polyconsommation (drogue, bad trip, etc).
Aussi, le Crips renvoie vers des comptes Instagram sordides (tels Jouissance Club) et vers des brochures faisant ouvertement la promotion du lesbianisme et du libertarisme sexuel : « Le sexe entre femmes peut être sauvage, doux, cérébral, hard, impulsif, tendre…ou tout ça à la fois. Une femme peut faire l’amour avec sa/ses chéri.e.s ; peut baiser un.e inconnu.e… La sexualité peut se jouer solo, à deux, à trois…ou plus encore… ». Il s’amuse aussi à parodier des chansons : le célèbre « Des gammes et des arpèges » des Aristochats devient « Des vulves et puis des verges ».
Il faut tout de même noter qu’à l’approche des régionales, la région a supprimé certains contenus troublants. Quelque chose à se reprocher, madame Pécresse ?
Le festival Solidays, de la pornographie au sadomasochisme
Aussi, la région mise sur le festival Solidays, qui accueille près de 300 000 personnes chaque année, pour promouvoir ces idéologies. Le festival bénéficie de 800 000 € de subvention annuelle du Conseil régional d’Île-de-France. « Le public vient au départ pour la musique. Et puis au fur et à mesure, grâce à l’ambiance qu’on contribue à mettre, à la convivialité, parce qu’on parle, qu’on envoie des messages, […] on les capte. La musique est alors un prétexte » confiait en 2015 Stéphane Lopez, vice-président de l’association Solidarité-Sida qui organise l’événement. « Solidays est un cas à part parce qu’on est un des seuls festivals engagés. On veut nourrir nos bénévoles de notre culture militante, les initier à la solidarité » ajoutait Benjamin Soudier, secrétaire général.
En effet, au-delà de la musique, le festival est ouvert à l’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité), qui fait la promotion de l’euthanasie. Il accueille par ailleurs l’exposition Sex in the City qui banalise la pornographie et le sadomasochisme, certes déconseillée aux moins de 16 ans non-accompagnés mais donc librement accessible aux mineurs. Les panneaux se passent de commentaires ( « On se détend, un doigt dans l’anus ne va pas vous tuer, mais pourrait bien vous faire jouir… », « Le corps aussi mérite d’avoir son sextoy… », « La masturbation peut aussi se pratiquer à plusieurs »). Des bandes dessinées particulièrement obscènes sont affichées.
« Innover pour prévenir », voilà le prétexte ; « Faites de votre corps une machine de plaisir ! », voilà la réalité. Enfin, le festival accueille une association ou plutôt une secte, Les Sœurs de la perpétuelle indulgence, que l’on ne peut intégrer qu’au terme d’un parcours initiatique, et qui, lors de Solidays, produisent une grande « messe ». La région Île-de-France a encore signé une « convention de partenariat renforcé » avec le Mouvement du planning familial.
Certains élus ont alerté sur le danger que représentent ces idéologies auprès des jeunes. En mai 2018, un amendement est ajouté à « la convention d’objectifs et de moyens avec l’Association Solidarité Sida », qui déclare maintenant « lutter contre les représentations pornographiques et/ou dégradantes pour l’image des femmes auxquelles peuvent être exposés les publics jeunes ». Mais rien, depuis, n’a été mis en œuvre pour l’appliquer. Après des mois de lutte, des élus ont obtenu de la part de la région un financement de 40 000 € pour une étude sur les dangers de la pornographie pour les jeunes. L’étude est présentée au conseil régional en 2020 mais ne sera jamais publiée. Un « Plan régional d’accompagnement de la fin de vie » a été rejeté in-extremis, qui proposait de mettre en place dans les lycées un module « Je choisis la fin de ma vie ! ».
Cette campagne électorale a été l’occasion pour Valérie Pécresse d’évincer les derniers élus conservateurs, tels Caroline Carmantrand (Sens commun) ou Nicolas Tardy Joubert (membre de VIA La voie du peuple et président de la Marche pour la vie). Inversement, Valérie Pécresse s’est rapprochée du Modem et pris dans ses rangs la présidente de Gaylib, Catherine Michaud. L’on comprend maintenant pourquoi : que ses électeurs aient bien conscience de son bilan.