Un mur d’yeux jaunes inquisiteurs apparaît sur l’écran de télévision, rythmé par un petit jingle rappelant la mode house music de l’époque, puis la voix of chargée de testostérone démarre : « Onze célibataires coupés du monde, dans un lof de 225 mètres carrés, filmés 24 h/24 par 26 caméras et 50 micros. Au bout de soixante-dix jours, il n’en restera plus que deux. Qui sera le couple idéal ? C’est vous qui décidez ». Le jeune Benjamin Castaldi, engagé par M6 et Endemol, avait-il conscience qu’il faisait à ce moment précis définitivement basculer la France dans la société de la surveillance généralisée et du spectacle ?
La première de « Loft Story » fut un évènement historique de grande ampleur, un point de rupture civilisationnel. Savamment pensé, le casting de cette toute première saison se voulait représentatif de l’ensemble de la jeunesse française de l’époque, surfant sur la mode black-blanc-beur comme sur les éternelles luttes de classes. Les classes moyennes, qui étaient en ce temps les plus nombreuses, et pour cause, étaient bien représentées avec la Tarbaise Delphine Castex, le lisse Christophe, sa future épouse Julie, ou encore le sympathique Fabrice Béguin qui arborait une petite barbe très en vogue chez les animateurs de centres-aérés des années 1990.
Lire aussi : Quand Sciences Po vomit les blancs
Deux pseudos « bourgeois aristos » avaient été castés pour apporter une touche sophistiquée et exacerber les tensions; Jean-Édouard Lipa, fils de famille beau gosse et rebelle, Laure de Latre, dont le nom prestigieux ne faisait pas mystère des origines sociales, et l’« intello », sosie du Tanguy d’Étienne Chatilliez, Philippe Bichot. Ce dernier travaille depuis dans le domaine des énergies renouvelables en Allemagne, brrr. La « diversité » issue de l’immigration pouvait compter sur de dignes représentantes avec Akima Bendacha et Kenza Braiga, deux « nanas » atachiantes avant l’heure. [...]
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !