Quelle que soit la manière dont la démocratie se conçoit, elle s’articule toujours autour de l’idée de l’autorité du peuple. L’expression de la volonté populaire, base de la souveraineté républicaine, repose sur l’élection. L’abstention massive à laquelle la France vient d’être confrontée, à l’occasion du dernier scrutin régional, met par conséquent violement en question le mécanisme même de la représentativité qui fonde notre ordre politique. Certes la crise sanitaire crée un contexte extrêmement particulier. Il serait pourtant faux de réduire la situation à un épiphénomène sans réelle signification, juste lié à une conjoncture malheureuse. Le développement de l’abstention constitue une tendance lourde, observable sur le long terme. Il s’agit d’une crise profonde, qui vient de connaître une phase suraigüe, mais qui atteste d’une déliquescence de la démocratie dans notre nation.
Ce diagnostic a d’ailleurs déjà conduit plusieurs formations politiques à proposer des réformes de nos modes de scrutin ou même de nos règles constitutionnelles. Tous veulent oxygéner nos institutions en redonnant force au vote. Leur constat commun repose sur l’idée que nous connaissons une sclérose de la représentativité qui transforme les élus en une caste coupée de la société, paralysant l’expression de la volonté populaire. Cependant, il faut constater que les défenseurs des thèses du renouveau démocratique échouent très généralement à convaincre lors des élections. Leurs promesses attirent peu. Elles paraissent se limiter essentiellement à vouloir remplacer un pouvoir par un autre, à substituer une caste politicienne à une autre.
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Fondamentalement, le débat français sur la réforme démocratique demeure stérile car il se refuse à affronter froidement les véritables questions. Il se nourrit d’illusions plutôt que d’admettre la réalité des imperfections de tout fonctionnement électif. La problématique démocratique peut en effet se résumer schématiquement à devoir choisir entre deux grandes alternatives, celle de la caste ou bien celle de l’État minimal. Or les Français ne semblent vouloir accepter aujourd’hui ni l’une ni l’autre. Pourtant, en dehors de ces deux options, il n’existe rien d’autre que des fantasmes démagogiques engendrant colères et frustrations.[...]
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