Éric Zemmour porte l’espoir d’une candidature présidentielle refusant les oukases d’une gauche moralisatrice vénérant entre autres, à l’inverse des libéraux, les administrations aussi pléthoriques qu’inefficaces. Pourtant, débattant avec David Lisnard, Éric Zemmour a développé une critique acharnée du libéralisme. Il a paradoxalement déclaré cette pensée responsable de la bureaucratisation de l'État depuis 40 ans. D’après l'auteur du Suicide français, notre pays a détruit l'efficacité de son organisation administrative bonapartiste en mettant en œuvre une série de réformes libérales qui auraient rogné progressivement ses pouvoirs au profit des instances européennes, de la régionalisation, ainsi que par la multiplication des autorités indépendantes et autres agences parapubliques.
Il faudrait cependant mettre Éric Zemmour au défi de citer le moindre théoricien libéral qui aurait pu se faire l'apôtre des réformes dénoncées. Il paraît extrêmement peu probable par exemple que Milton Friedman, contemplant l’organisation actuelle de l’administration française, déclare tout radieusement : « Voici le modèle étatique dont j'ai toujours rêvé ». En réalité, les programmes de décentralisation et de déconcentration mis en œuvre n'étaient absolument pas libéraux, mais bien plutôt sociaux-démocrates. Ils constituaient la victoire posthume de la gauche girondine sur le jacobinisme, la revanche de Lamartine, battu en 1848, face au bonapartisme. Ils tenaient de la philosophie politique et sociale d'Habermas, de la philosophie juridique de John Rawls, l’ensemble revu à la mode énarque. [...]
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