Quelle distinction y a-t-il entre vos deux noms de plume, Makine et Osmonde ?
Très faible : ils écrivent à la même source. L’écriture de Makine est plus historico-sociale. Osmonde, en revanche, est résolument métaphysique, il pose la question de l’être. Tous les livres osmondiens sont philosophiques. C’est grâce à Osmonde que j’ai compris qu’il y avait une grande fermeture d’esprit dans nos sociétés. Aujourd’hui, ces livres seraient impubliables, notamment à cause des nouvelles idéologies communautaires – sexualistes et racialistes qui aggravent les ravages du politiquement correct. Au-delà des frontières est un livre scandaleux sur bien des aspects – « noblement scandaleux », comme disait un critique. Ne serait-ce qu’en raison du manuscrit conçu par le jeune héros, Vivien de Lynden, intitulé Le Grand Déplacement et qui décrit le transfert vers la Libye non seulement des étrangers refusant l’assimilation mais également de tous ceux qui ont collaboré à leur venue… Publier ce livre procède presque d’un réflexe de survie intellectuelle.
Dans votre dernier roman, votre jeune ami Vardan devient philosophe alors qu’il est physiquement menacé. Est-ce l’agonie qui nous fait devenir philosophe ?
Mais nous sommes tous proches de la mort ! Nous n’avons que 20 000 à 30 000 jours à vivre, c’est-à-dire très peu de temps. La réflexion sur l’Alternaissance part de ce constat. L’écrivain doit imiter saint Thomas et toucher les stigmates du monde. Si l’écrivain ne vous dit pas tout de suite ce que vous pouvez espérer comme salut, ici et maintenant, s’il ne met pas ses doigts dans les plaies aujourd’hui même, son livre ne vaut pas grand-chose. Ainsi, le message du Christ a-t-il été moralisé, perdant de sa force métaphysique dans la moraline et la casuistique. [...]
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