Quels sont les problèmes posés par l’influence des cabinets de conseil au sein de l’État ?
Le sujet est de savoir si c’est encore l’État qui fait la politique, ou si ce sont les cabinets de conseil privés. C’est ce qui a motivé les élus communistes à faire ce rapport d’ailleurs. Si nous avons démontré que cela n’avait que peu d’influence, nous avons aussi révélé que c’était un immense palliatif aux carences de l’État. Nous avons aussi relevé l’absence de suivi qui est absolument catastrophique.
Selon votre rapport, 80% des activités facturées en 2019 n’ont pas été justifiées. Comment est-ce possible ?
Il faut pondérer cette affaire : à propos des livrables, il faut distinguer les cabinets de conseil pur jus et les cabinets d’aide sur la partie informatique. Pour cette dernière partie, le livrable est simplement que le logiciel tourne. Pour d’autres, quand le livrable consiste en un conseil que vous pourriez donner sur le métier d’enseignant, c’est moins justifié.
J’ai été fonctionnaire et j’ai déjà passé des commandes à des cabinets de conseil pour être tout à fait franc. Parfois, vous avez besoin de cette aide extérieure pour avoir de la méthodologie et des comparaisons internationales. C’est leur vraie force. Il y a aussi des compétences informatiques sur des sujets très précis. Le problème est qu’il y a un certain nombre de rapports qui, parfois, remettent des copier-coller quasi-identiques à des rapports déjà effectués par l’administration. Je l’avais vu à l’époque où j’étais fonctionnaire, et leur avais rétorqué que je n’allais pas leur payer leur facture de 50 000 euros. Il faut donc suivre. En fait, avec un cabinet, on se débarrasse de la tâche. C’est aussi ce que dit Philippe Val, le PDG de La Poste, que nous avons interrogé. Pour certains, un cadre dirigeant doit aussi avoir ses consultants, en guise de panoplie. [...]
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