La force brutale des usines a profondément transformé l’humanité en l’asservissant à la dictature froide de l’outil de production, où règnent les machines et les technologies. L’industrie arracha l’homme à son village, à ses racines, à ses champs, ses arbres, ses rivières, à tout ce qui forgeait sa culture. Elle en fit un être blême, prisonnier des villes, incapable de s’abandonner au rythme des saisons, ni d’apprécier la beauté d’un ciel autrement qu’en format de carte postale. Qui peut croire et prétendre que cet individu urbain, à la conscience brisée, soit autre chose qu’une sorte d’ersatz social, errant dans les rues blafardes, avec pour tout rêve une brume poisseuse envahissant l’esprit.
Il ne s’agit naturellement pas de dresser l’apologie de la misère paysanne et des famines des temps anciens. Il s’agit simplement de ne pas oublier que l’homme moderne a payé l’amélioration matérielle de son sort au prix fort. Cela lui a coûté bien plus que d’uniquement devoir se plier à la dureté de la condition de travail ouvrière du XIXe siècle. Cela lui a fait perdre tout un monde, celui de ses ancêtres, celui qui avait patiemment formé l’âme profonde des populations. La brisure psychologique créée par l’urbanisme contemporain et les modes de vie productifs nés de la révolution industrielle constitue la matrice de tous les totalitarismes qui ont ravagé le XXe siècle et qui survivent, à l’état de fantômes maudits, au plus profond de nos mémoires. Les peuples sont devenus des masses, vivant en bataillons, marchant au pas, puant le stress et dormant mal. Certes les usines ont largement disparu en France. [...]
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !