Très présent aux États-Unis tout en étant superbement ignoré par les médias majoritaires, ce courant réac du rap est porté par des artistes tels que Tom McDonald, un ancien catcheur au look improbable (tresses blondes, grills sur les dents, corps et visage recouverts de tatouages), qui sort environ une chanson par mois et tape régulièrement les trente millions de vues sur YouTube.
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Ses chansons s’en prennent aux wokes (« Fake Woke » : « Je pense que c’est dingue qu’on dise que je suis controversé alors que Cardi B est le modèle des filles de 12 ans [« Depuis que j’ai commencé à utiliser des gars, je me sens tellement mieux, je me sens tellement puissante », a déclaré cette joyeuse féministe américaine, Ndlr]. Les rappeurs en haut des charts font la promo du Xanax, mais si je parle de race dans une chanson, j’ai peur de me faire tuer »), à l’avortement (« People so Stupid » : « Dites-moi comment ça marche ? Une bactérie est de la vie sur Mars, mais un battement de cœur n’est pas une vie sur terre ? »), fait l’éloge des Blancs dans une espèce de tribalisme inversé (« White Boys » : « Vous feriez mieux de surveiller vos arrières, ça va être un été de Blancs, tout mon iPhone est remplis de Blancs armés, on vient des bas-fonds comme les tuyaux dans le sol, on a le fusil à pompe de prêt »), ou encore celui de la vie redneck (« No Good Bastards »). Seul le média conservateur, The Daily Wire évoque cette scène avec enthousiasme. Pour le reste, motus.
Black Trumpist et rap-rock républicain
L’intérêt de ce rap très politisé, c’est qu’à l’heure du tout instantané, les musiciens peuvent réagir à l’actualité en un clin d’œil, ce qui correspond bien à l’atmosphère de palabre permanente qu’entretiennent désormais les réseaux sociaux. Le rappeur noir trumpiste Loza Alexander s’en est d’ailleurs fait une spécialité, avec des hymnes tels que « Let’s Go Brandon, F.A.F.O » (pour « Fuck Around and Find Out », soit : « Fais le con et tu verras », slogan utilisé en soutien à Kyle Rittenhouse (jeune Américain ayant abattu des vandales en état de légitime défense), qui débute par « Fuck Black Lives Matter and Antifa »), « Slap A Commie Like Will Smith » (« Gifle un coco comme Will Smith ») ou encore « Crack Pipe Biden », en référence aux problèmes de drogue du fils du président.
« Malgré tout, je pense que le vent va tourner, le rap étant la musique la plus écoutée par les jeunes, il y a forcément toute une frange de cette jeunesse qui ne se reconnaît pas dans le rap de cité »
Chronic
Bourré d’humour, ce rappeur ouvre d’ailleurs l’un de ses clips en le dédiant à « la minorité la plus opprimée d’Amérique : les soutiens noirs de Donald Trump ». On peut aussi citer, parmi les chansons les plus drôles répondant à l’actualité, l’hilarant « Joe Biden Touches Kids » (« Joe Biden touche des gosses ») de DC Capital, ou encore le rap de véritables white trash (déchets blancs) comme The Naughty Northern, infusé de hard rock, ou encore Hosier qui chante « Country Boy Style » et évoque le tube international « Old Town Road », de Lil Nas X, mais en moins inverti. Comment ne pas citer l’emmerdeur en chef, Kid Rock, rappeur républicain qui est toujours debout après sa tentative de se présenter aux élections sénatoriales américaines, et vient notamment de sortir « Don’t Tell Me How To Live », en duo avec le groupe de hard DR rock canadien Monster Truck, et ses paroles… toujours aussi inspirées : « la prochaine génération sera une nation de tafioles ». [...]
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