Vieux serpent de mer de la gauche, ou plutôt de l’extrême-gauche, cette mesure si « progressiste » se heurte pourtant à de nombreuses difficultés. Rappelons pour commencer notre démonstration que des étrangers votent bel et bien aux élections locales depuis l’entrée en vigueur du traité de Maastricht en 1992 : les ressortissants d’Etats membres de l’Union européenne. Pour monsieur Houlié, le fait que ces derniers puissent voter alors que leurs homologues non Européens voient ce « droit » leur être refusé constituerait « une discrimination entre deux catégories d’étrangers ».
La gauche française semble vouloir s’abandonner au cosmopolitisme de la République universelle du genre humain, à défaut de redresser un pays en souffrance
Le député Renaissance, qui précise avoir déposé sa proposition de loi « à titre personnel », a les idées aussi courtes que ses cheveux puisqu’il tente d’obtenir un peu de médiatisation … avec une idée vieille comme le mitterrandisme. Car, oui, la mesure figurait parmi les 110 propositions du candidat François Mitterrand dès 1981. Bien évidemment, le réalisme a alors prévalu. L’idée refait depuis régulièrement surface quand les socialistes sont au pouvoir, en 2000 avec la gauche plurielle qui avait voté le texte à l’Assemblée avant que Lionel Jospin ne renonce à le transmettre au Sénat, puis, en 2011, où le Sénat passé à gauche avait tenté de faire passer cette marotte obsessionnelle d’une gauche décidément bien éloignée des valeurs et textes fondateurs de cette République qu’elle convoque pourtant à longueur de discours.
Plus proche du baron prussien Anacharsis Cloots que de son modèle Robespierre sur la question de la citoyenneté, la gauche française semble vouloir s’abandonner au cosmopolitisme de la République universelle du genre humain, à défaut de redresser un pays en souffrance dont les citoyens attendent le plus simplement du monde de pouvoir circuler en sécurité dans les rues de leurs villes. De fait, accorder le droit de vote aux étrangers reviendrait à nier les principes qui ont guidé les pères de notre droit positif. En 1789, c’est la déclaration des droits de l’homme et du citoyen que la représentation du peuple français a adoptée. La distinction entre les droits universels du genre humain et ceux accordés spécifiquement aux citoyens français était faite dès le titre.
Son article 3 est d’ailleurs explicite : « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. » L’étymologie du mot nation l’est tout autant, procédant du latin natio renvoyant au verbe naître et aux petits d’une même portée. Sont donc membres de la nation, les enfants du peuple, la progéniture française. Aujourd’hui parée d’une signification plus politique et sociale, la nation n’en doit pas moins avoir une unité. Il n’y a d’ailleurs même pas réciprocité avec les étrangers extra-communautaires puisque nous ne participons pas aux élections locales algériennes ou congolaises, et que nous ne votons pas non plus pour un parlement supranational panafricain – heureusement ! –.
Que les ressortissants communautaires votent sous condition aux élections municipales a du sens. Nous élisons ensemble des députés européens. Tel n’est pas le cas pour le reste du monde. De plus, les élections locales conditionnent les élections sénatoriales en désignant les futurs grands électeurs. Il ne serait donc pas neutre que les étrangers votent aux élections locales qui ne se limitent pas à l’aménagement urbain… Que la majorité agisse enfin sur les sujets pour lesquels elle a été élue, à commencer par cette insécurité terrifiante qui détruit bien des collectivités locales. Elle est d’ailleurs souvent causée par … des étrangers extra-communautaires.