Qu’est-ce que la physique quantique va révolutionner ?
Elle va permettre de créer une richesse inouïe d’informations : on peut l’utiliser pour faire des calculs et simuler la nature. On est en train de créer des machines quantiques, des processeurs qui pourront réaliser des calculs extrêmement compliqués que même les plus gros supercalculateurs actuels ne peuvent accomplir. Le processeur quantique peut aussi être utilisé comme un simulateur de la nature : par exemple, si l’on veut inventer de nouvelles molécules pour de nouveaux matériaux, pour de nouveaux catalyseurs afin de décarboner nos industries, ou si l’on veut inventer de nouveaux médicaments.
Si nous devions synthétiser chaque molécule ça coûterait des millions de dollars par synthèse et il existe des milliards de milliards de combinaisons possibles. Si on sait le faire avec un ordinateur, ça ne coûte quasiment rien : c’est ce que l’on appelle la simulation de molécule. Soyons prudents tout de même : cet avantage quantique commence à se manifester mais son application réelle aura lieu dans des années, voire des dizaines d’années.
Ce sont des technologies aux conséquences tellement importantes qu’elles ont été rapidement classées comme des technologies de souveraineté par Bercy
Il n’y a donc pas encore d’application industrielle ?
On teste toujours les premières machines quantiques qui commettent encore des erreurs. Mais chaque année qui passe, les progrès sont importants : chez Pascal par exemple, start-up française dans laquelle nous avons investi, ils estiment atteindre les 1000 qubits en 2024, un nombre avec lequel on devrait être capable de réaliser des calculs et des simulations que les supercalculateurs classiques ne savent pas faire.
Votre fonds a-t-il vocation à soutenir les souverainetés française et européenne, ou peut-il investir dans n’importe quelle start-up ?
Le fonds est par principe global, mais il est plutôt investi aux deux tiers en Europe, dont près de 40 % en France, et aussi aux États-Unis et au Canada. Cependant, nous sommes plutôt focalisés sur l’Europe, et avons reçu le soutien de la BPI (Banque publique d’investissement) et du FEI (Fonds européen d’investissement). Il est sûr que la notion de souveraineté européenne est dans toutes les têtes quand l’on parle de quantique : ce sont des technologies aux conséquences tellement importantes qu’elles ont été rapidement classées comme des technologies de souveraineté par Bercy. [...]
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !