Chemise impeccablement repassée, cravate soigneusement nouée et large sourire, Antoine Contrant a tout du parfait collaborateur parlementaire. Parfait certes, mais loin d’être ordinaire. La majorité à peine passée, le Dunkerquois d’origine nous accueille dans le bureau de Victor Catteau, son député. Ce n’est pas sans fierté qu’il nous fait visiter son nouveau lieu de travail : l’Assemblée nationale.
Fils de fonctionnaires, Antoine effectue sa scolarité dans la cité de Jean Bart et se distingue très tôt de ses camarades grâce à ses facilités en classe. Son enseignante de CE1 convoque ses parents : « J’ai connu des élèves qui étaient de véritables lièvres mais votre fils est une locomotive ». Il saute une classe. C’est à cette période qu’Antoine découvre le football et s’inscrit au club de Dunkerque au poste de gardien de but. « Être gardien, c’est le poste ingrat mais c’est aussi celui qui vous confère le plus de responsabilités. C’est sur vous que la victoire ou la défaite repose ».
En quête de répondant scolaire et intellectuel, il fait son entrée au collège avec un an d’avance. Désillusion. Antoine a littéralement 20 de moyenne sans travailler. Le collège incite ses parents à prendre rendez-vous avec un psychologue. « Votre fils est un ovni ». On lui propose d’aller dans un établissement pour surdoués mais après une concertation avec ses parents, Antoine décide d’aller en classe de 4e… à l’âge de 10 ans. « Mes parents m’ont toujours laissé le choix et m’ont transmis l’idée de faire ce qu’on a envie de faire ».
Antoine va faire ses gammes au prestigieux Racing Club de Lens où il affronte les plus grandes écuries françaises comme le Paris Saint Germain
Même si le sport le captive plus que l’école, il garde un très bon niveau académique. Pourtant, il ne s’y épanouit pas pleinement. Antoine est atteint de dyssynchronie, un décalage entre son développement intellectuel et son développement psychomoteur. Concrètement, il a besoin d’être avec des élèves plus âgés pour être heureux. En 2015, alors qu’il est en classe de 3e, il passe les sélections d’entrée au pôle espoir qui réunira une vingtaine de jeunes joueurs prometteurs pour alimenter l’équipe de France. Il est sélectionné sportivement mais son niveau scolaire, trop élevé par rapport aux autres, ne lui permet pas d’intégrer. Tant pis, Antoine va faire ses gammes au prestigieux Racing Club de Lens où il affronte les plus grandes écuries françaises comme le Paris Saint Germain. Ça y est, le jeune Dunkerquois joue à haut-niveau !
En parallèle, Antoine n’arrête pas les cours et poursuit sa scolarité dans un lycée général, choisit la filière scientifique par goût du défi. C’est à cette période qu’il voit naître un intérêt profond pour la chose publique mais ne s’engage pas encore. « Je fais partie d’une génération qui n’a jamais connu le temps où on vivait bien ».
En 2020, le pays se confine et les lycées et clubs de football sont à l’arrêt en raison de la pandémie de covid. Dès la réouverture des terrains, Antoine refoule le gazon mais est rapidement contraint de raccrocher les crampons à la suite d’une sévère blessure au genou et à la cheville. L’occasion de poursuivre ses études et de faire son entrée à l’université à Dunkerque où il est inscrit en licence de STAPS. Une fois n’est pas coutume, Antoine est major de promotion en première et deuxième années. Le RC Lens met fin à son contrat et 1 mois plus tard, le jeune joueur décide de raccrocher définitivement les crampons.
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Antoine ne s’avoue pas vaincu et consacre désormais son temps libre à la politique. La campagne présidentielle bat son plein. En tant que mariniste et fervent patriote, il se rapproche naturellement de la permanence du Rassemblement national à Dunkerque. Au lendemain de la présidentielle, il repart en campagne pour soutenir les deux candidats RN aux élections législatives des circonscriptions de sa ville. Les deux échouent malgré leurs très bons scores. C’est lors d’un banquet de fin de campagne qu’il rencontre le député Pierrick Berteloot qui lui propose de visiter l’Assemblée nationale. Émerveillé par la beauté du Palais Bourbon, Antoine veut se rendre utile et se mettre au service des Français. Sans certitude, il envoie sa candidature à Victor Catteau qui ne donne pas suite. « Je voulais vraiment travailler pour Victor, il était jeune et m’inspirait confiance ».
Alors qu’il entame sa troisième année de STAPS, il se rend à un évènement politique de Marine Le Pen et rencontre Victor Catteau. Il en profite pour échanger avec lui. Le jeune député le rappelle quelques jours plus tard car il se retrouve sans collaborateur à l’aube du vote du projet de loi de finance. En l’espace d’une semaine, notre prodige lâche la fac et débarque dans un univers jusqu’alors inconnu. Celui qui n’avait jamais entendu le mot « amendement » doit apprendre rapidement mais peut compter sur ses collègues pour lui donner de précieux conseils.